Tant que faire ce peut...mieux vaut se perdre au bon endroit
Article mis en ligne le 15 mars 2021
dernière modification le 5 mars 2021

par Michel Foucault

Les nombres pères et les nombres mères
partent de zéro mais vont à l’infini......

Les croix
j’en croise
sur ma route
Les toits
me toisent
c’est la déroute
les voix
je ne les entends
ni ne les vois
À moissonner mon émoi
je n’ai plus de chez moi.

Tant que faire ce peut...
…. mieux vaut se perdre au bon endroit !

Luce Tardieu
Éditions Gros Textes
Collection Alpes Vagabondes, 2020
ISBN : 978-2-35082-453-6
9,00 €

Luce Tardieu s’amuse avec tous les jeux de mots qui s’offrent à elle. Contrepèteries (« J’ aime le son du corps le boire au fond des soirs »), néologismes (« Le pays du Coca/et celui de Cocagne/font la même utopire  »), aphorismes approximatifs («  Mieux vaut/passer son permis d’éconduire/ que réussir un mariage raté ») se succèdent joyeusement. Parfois on peut regretter certaines facilités.

Les mots glissent (« Pas sage/Passages/Passe âge/Pas sages"), laissent place au silence (« je n’ai rien à déclarer sur cette page  »), jouent avec leurs sonorités (« Léa a / Yves veut / Georgette jette / Vincent sent..".) ou avec les lettres de l’alphabet (« Départ Deux moi zèle/Euh.../Fée minisme ...ah bon ?/ G pas tout compris/H Ève moi et Adam avec  ») pour former une malicieuse fantaisie.

Luce Tardieu aspire à la légèreté, à fuir la gravité («  La gravité nous façonne/et me bétonne/au chemin  ») et à quitter l’esprit de sérieux. Vers la fin de l’ouvrage, son masque de clown se craquèle et la fantaisie laisse place à la tendresse.

Michel Foucault