Le temps s’égrène, nos cœurs se traînent Les nuits, mes insomnies, tout ce qui fait raffut, la peine. Je broie du noir, des sacs entiers de grain, brassés par les angoisses et j’en remplis mes poches, sous les yeux, viles ridules, mais je ne suis pas fou. J’échappe à la folie, d’un coup de dent, je recrache les grains trop durs, je sépare comme je peux ce qui se trouve en moi d’insécable mélancolie. Le temps me porte en lui. Je compte. Mes cheveux blancs et mes cafés. L’acidité du monde en gorgées chaudes. Je ne suis pourtant pas si noir que j’en ai l’air. Je peux croquer la vie, rire ou sourire. C’est un peu de ma négligence, les sales habitudes, l’usure du temps. En compagnie des cigarettes. Âge de cendres. Tandis que j’ai le nez penché sur les cafés fumants. Volutes croisées. Comme un périphérique de quelque chose en moi : un monde qui s’en va, un autre qui s’en vient. |
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Tournée d’adieu
Thierry Roquet
Gros Textes, 2020
ISBN 978-2-35082-474-1
7,00 €
"Un grain de sable, un seul et minuscule grain de sable suffit à enrayer la tranquille mécanique des habitudes".
Un monde cauchemardé plus que rêvé. Surréaliste ? Aliénant ? Si éloigné du réel ? Et s’il s’agissait surtout de dénoncer des injustices, morales ou sociales ?
"On porte en soi un territoire de combat".
Robert Froger