Le cerisier
Article mis en ligne le 3 décembre 2022
dernière modification le 22 novembre 2022

par Robert Froger

 

 

Ce matin encore
le cerisier était dans le jardin

avant moi

*

En plein cœur de l’hiver
et pourtant

dans les veines du cerisier
coulent déjà
des ruisseaux de fleurs

*

Derrière la baie vitrée
je regarde le cerisier

entre lui et moi
mon reflet dans la vitre

je me vois dans l’arbre
et des branches me poussent

*

Il rendra dans le jour
les ombres prises à la nuit

le cerisier
est un passeur d’ombres

 

Le cerisier
Antoine Maine
Peintures de Hiroshi Tachibana
Éditions La Chouette imprévue, 2021
978-2-9561038-8-2
12,00 €

En préambule, Antoine Maine nous dit avoir choisi et acheté une maison "à cause" du cerisier qui se trouvait dans le jardin. À la lecture de son livre, on peut se demander lequel a choisi l’autre. Au fil des pages, tous deux semblent s’observer, échanger, se confondre. Ils sont complices du temps qui passe, au long des saisons qui rythment le recueil. "Quand je serai grand / je serai poète / comme le cerisier."
Même processus dans les peintures en bleu et blanc de Hiroshi Tachibana qui illustrent "Le cerisier". Est-ce le cerisier qui devient homme ou l’homme qui devient cerisier ? "Finalement / le cerisier est un homme / comme les autres" nous dit Antoine Maine dont les mots créent une atmosphère sereine, apaisante et nous montrent que l’arbre est certainement l’autre meilleur ami de l’homme.

Robert Froger