À la fin de sa vie,
il était devenu le père d’une forêt…
32 poètes pour une forêt de mots…
Du ciel passé au gris le lâcher flou des feuilles leur descente dansante et des mains d’oiseleur tournoient dans l’air des valses vagues et de fugaces rondes
Longs très longs plans
A la fin l’automne
Ne reste rien Anne Certain (extrait de La gravité des nuages, inédit) |
Forêt
à Gaston Puel
la forêt ne demandait rien
maintenant son drame grésille
la dague du feu
les flammes *
forêt noircie
elle tenait tête
elle était là Georges Cathalo |
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dans la mémoire Françoise Lison-Leroy extrait de Chemins du guet - éd. Tétras Lyre, 2003 |
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Quelle saison pour saluer ces arbres et leurs feuilles si rousses ? Sans doute l’automne qui croît et inverse les données d’un jour que l’on accueille les yeux fermés en songeant à d’autres jours coulés dans leur absence et traversant le temps, invisibles, immuables pourtant. Et ces feuilles si rousses qu’un peu de vent renvoie au plus lointain de leurs branches dans une forêt à jamais inventée.
Max Alhau, inédit |
À travers la forêt Tes pas s’en tiennent à L’écriture
Des brindilles, des mousses,
Mille fois l’enjambée
Mille fois la chute
Ton souffle Jacqueline Persini-Panorias |
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Parcourir la forêt sans chaussures s’enivrer de bruits superbes excitants et monter sabre à la main l’escalier ravagé de l’espoir. Valérie Huet extrait de Dans le matin réfléchi de nos songes - Éditions de l’Atlantique 2010 |
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Où se font arbres les fougères lumière oubliée brume grise mais la moiteur toujours Route si peu route on n’y croisera personne mais telle qu’en elle-même enfin Trace que nous aimons suivons sinuant d’abrupts en nuages désert vert
les odeurs d’eau de forêt de terre chaude
Pas un souffle ou si peu Martine Morillon-Carreau In Midis sans ombre, L-G.R., 2002 |
1
Lumière ténébreuse du petit matin. Un tronc. Une souche. Un fouillis de fougères. Point clair dans une masse informe. Couche de terre à nu sur le talus. Racine déterrée. Point sombre. Arbres clairsemés. Branches argentées des hêtres. Bruissement de feuilles sèches. Rester là. Attendre... Traces de lynx dans la neige fraîche.
Bruits d’une froide nuit étoilée de septembre. Glapissement triste du renard. Claquement de langue d’un écureuil agacé. Sifflement chagriné d’un muscadin. Froufrou furtif d’un orvet. Glissements de salamandres. Cavalcade de campagnols. Appel angoissé de la hulotte. Brame d’abord léger d’un cerf... Les ifs ont un parfum d’enfance. Jacqueline Held |
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Nous avons pour nous la lenteur des nuages et la robe des forêts pour parfaire l’horizon Une aile nous soulève où tout est possible où le temps s’accomplit en rumeurs et lumières Chaque arbre est une demeure Chaque éclat un lieu de passage Nous allons de ce côté où tremblent les heures avec juste un peu de la rosée d’hier Rien ne peut finir dans l’accord du jour dans l’extrême pointe du cœur où tout est possible. Marilyse Leroux In Le temps d’ici, inédit |
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Forêt d’Huelgoat
Diptyque pour Guy Allix 1
Loin de cacher
ses racines se gonflent
réserve de silence 2
Trace d’avant
savoir secret
Marie-Josée Christien |
La forêt
La forêt
La forêt
La forêt
La forêt
La forêt © Béatrice Libert, inédit |
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Métamorphose de l’arbre accoudé au rythme des saisons à l’hiver froid à l’exaltation de l’été à la fête des sens à l’allégresse du printemps il dessine nos saisons. Ghislaine Lejard Extrait de Sous le carré bleu du ciel éditions Henry, mai 2011 |
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La forêt comme un tunnel Tonneau au fond duquel Les formes noircissent Mélangées au brou de la nuit Et ne s’en sortent Qu’à l’autre bout de cette manche D’ombre irréelle
Ne serait-il pas plus simple Patrice Maltaverne |
Des pins, des pins et quelques chênes aussi un peu plus proches de l’automne semble-t-il mais aucun ne renonce
Il a bien fallu que la graine s’enracine.
Si haut aucun oiseau ne semble blanc
La lumière n’est plus la même sous la pinède :
Bercement doux au vent du soir, Gérard Cousin In Tercets du pin |
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La forêt de cette île Thierry Cazals In Le rire des lucioles |
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Amazonie
Si chaque arbre abattu
Mais ceux qui défrichent et tuent
Si chaque poète
Car ceux qui écrivent des poèmes Nicole Laurent-Catrice |
Forêt
Où allez-vous
Où allez-vous
Où allez-vous
Dans quel humus ? Jean-Claude Touzeil |
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Langue de bois
De sa chair naîtra l’instrument Christine Vauchel |
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Début de promenade entre le hameau de Rosset à Longchaumois et la falaise du Montfier surplombant Prémanon, dans le Jura.
D’abord (…) Béatrice Machet |
À la lisière de la forêt d’Orléans
Pouvoir être gauche comme un enfant. Pouvoir dire : il y a un oiseau et un arbre et un ciel et l’oiseau est vert parce qu’on l’appelle pic-vert et il vole et il voit l’arbre et il se pose et il aime être là sur l’arbre et l’arbre lui caresse les pattes et le paysage est pour lui et il a un cri rauque un cri désarticulé et il chante mal parce que le paysage lui fait mal et il aime le paysage et le paysage est un champ labouré noir autour et après le champ il y a une plaine et la plaine est contre un bois et le bois avance doucement par petites touffes presque transparentes et on est en hiver et on regarde parce qu’on est là et on ne dit rien on regarde et il y a un panneau publicitaire sur le bord de la route et un autocar s’arrête près d’un abribus et l’autocar est un zèbre rouge et blanc et il descend trois filles et deux garçons et ils sont petits vus d’ici et un chien jappe tenu en laisse et la personne au chien fait signe et les autres font signe et le chien jappe et saute parce que le chien ne sait pas attendre comme une personne et ils se rencontrent près d’un chemin et tous s’en vont vers les maisons près du bois et l’autocar repart sans faire de bruit et l’oiseau s’envole et nous on respire on parle on marche. Claude Held - Extrait de Douze promenades du Fou - La Bartavelle, 1991 |
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Je porte une forêt inconnue sur mon dos. Joël Bastard, Bâton rouge, Editions Virgile Il portait une forêt. Marchait dans la forêt. S’éveillait dans un arbre. Parasite, comme le gui ? Parasite de la forêt, de la nature, des pierres qu’il se mit à concasser ? Coupait aussi, coupait les branches. Dans les rameaux enchevêtrés, ouvrant la distance. Avec la distance, commença l’aventure qui le porta sur la planète entière. à quoi ressemblait-il, notre ancêtre, l’ancêtre commun de toutes les lignées humaines ? Songeait-il déjà à refaire le monde ? à créer sa propre histoire ? Quelles questions posait-il au ciel étoilé, au retour des aubes ? Comment se tenait-il devant la mort ? Françoise Hàn |
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Mirage dis-tu de forêt qui marche vers une autre terre racines rouges à découvert
mais il faut compter
et ce poids de bête abattue © Jacqueline Saint-Jean(extrait de "Lumière de neige") |
La forêt devant ma fenêtre Anise Koltz In la revue Lieux d’être |
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Bernard Gueit a écrit ce poème pour l’inauguration d’une exposition mise en place au Pavillon François Reichenbach de Loué (Sarthe) en novembre 2001. Vous pouvez même le réutiliser à votre gré en adaptant la fin du poème pour une autre visite forestière… L’auteur vous y autorise bien volontiers.
FORETS
Et nous voici marchant,
Et les arbres nous parlent
écorchent les souvenirs
où des feuilles jaunies
où le pas s’éternise, retenant la saison
Ils nous parlent
la menace assourdie et nous ne les comprenons plus
Ils nous parlent comme avant
quand tu jouais sous le figuier
quand les mots te venaient à la bouche comme un fruit
prenez et mangez en tous ceci est pour vous
et la forêt nous fait signe faisons un bout de chemin ensemble
allons, prenez moi la taille
Humains, human beings,
de l’oxygène qui respire dans des poumons grossiers
Tragique
humain
contrastes jeux de miroir
nous marchons lentement
et peu à peu nous apprenons de leur paix et de leur douleur
de leur volonté nerveuse de leur lutte pour la lumière
et ils nous parlent de l’empire des morts qu’ils fouillent pour nous
Ça empire, disent-ils,
ils nous parlent sans rien dire
Alors certains d’entre eux voudraient quitter la forêt
Aller vers le soleil
Il reste des places à bord Bernard Gueit |
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Derrière la meute des fougères le regard s’aiguise
Un bréchet d’azur
Et tous les jupons du soleil Jean-Pierre Nicol |
Ici, dans la forêt, avec les arbres qui nous défient, nous ne pouvons qu’approuver leurs cimes, nous arracher pour quelques instants à nos propres racines. Max Alhau, inédit |
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La forêt dense
C’était une forêt dense
Mais n’est-ce pas la vision habituelle
Si je voulais donner à voir
Y fait-il alors si clair
On ne parle jamais
Mais non la raison est toute autre
Quand on dit « forêt » on voit de suite
La forêt donc suppose un ogre
Mais en moi maintenant tout s’apaise
L’épine ! Jean Foucault |
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Combien d’arbres pour faire une forêt combien de hêtres de charmes de chênes de sapins d’épicéas combien de graines pour faire un arbre combien de glands de faines de cônes
combien de pas pour parcourir la forêt Luce Guilbaud |
À chacun son destin et sa fin même les pins élancés vers l’infini rebelles à toute nuit
On a peint horizontal Henri Chevignard |
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Dans la forêt le cœur ? Georges Jean |
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Violent orage pendant la nuit. J’ai cru que la montagne se fendait. Impossible de m’endormir. Claudie Gallay In la revue Lieux d’être |
Ce n’est pas dans le bruit que tu bâtis bonheur Mais en fouillant la feuille au fond de la forêt. Christine Guénanten extrait de Le soleil de cristal |