La toile de l'un

Attila Jozsef (Hongrie)

Attila Jozsef (Hongrie)

Attila Jozsef

Attila Jozsef est né en 1905 à Budapest dans une famille extrêmement modeste. Il vécut une enfance difficile et précaire. Atteint de schizophrénie, Attila Jozsef est mort en 1937 à l’âge de 32 ans, écrasé par un train, sans que l’on sache s’il s’agissait d’un accident ou d’un suicide.

MAMA

Már egy hete csak a mamára…
gondolok mindíg, meg-megállva,
Nyikorgó losárral ölében,
ment a padlásra, ment serényen.

Én még öszinte ember voltam,
ordítottam, toporzékoltam.
Hagyja a dagadt ruhát másra.
Engem vigyen föl a padlásra.

Csak ment és teregetett némán,
nem szidott, nem is nézett énrám
s a ruhák fényesen, suhogva,
keringtek, száalltak a magosba.

Nem nyafognék, de most már késö,
most látom, milyen óriás ö –
szürke haja lebben az égen,
kékítök old az ég vizében.

 

MAMAN

Huit jours que je ne pense qu’à maman…
Je m’arrête et je la vois, lestement,
au-dessus de moi emporter son linge
au grenier, dans un lourd panier qui grince.

J’étais tout d’une pièce en ce temps-là :
je hurlais, trépignais, pour qu’en ses bras
dans le grenier ce fut moi qu’elle emmène.
Ce linge gonflé, que d’autres le prennent !

Mais montant son linge, sans me gronder,
sans me regarder, elle l’étendait
et je voyais l’éclatante lessive
tourbillonner comme autant d’ailes vives.

À présent, je ne pleurnicherai point.
Trop tard ! Mais je la vois grandir sans fin.
Ses cheveux gris flottent là-haut. C’est elle
qui dissout le bleu dont est fait le ciel.

Traduction de Jean Rousselot

Formulaire de contact