Frances Horowitz (Grande-Bretagne)

Frances Horowitz (Grande-Bretagne)

Frances Horowitz

Née en février 1938, Frances Horovitz était particulièrement sensible aux grands espaces naturels : vallée isolée des Cotswold où elle a vécu dix ans, terres hautes venteuses du Mur d’Adrien où elle a passé deux hivers décisifs, confins du pays de Galles où elle s’établit quelque temps avant de mourir prématurément d’un cancer. Elle utilisait souvent le haiku comme esquisse, façon de noter ses impressions dans un premier jet. Son Oeuvre Poétique est publiée par Bloodaxe. Elle est décédée en octobre 1983.

Sketch

Yielded to windless air
a frail November harebell
rests in a glass
lts stem leans stiffly
Sucking the quiet water
in less-than-outdoor cold
one bud unscrolls its fluted blue

Esquisse

Livrée à un air immobile
une frêle campanule de novembre
repose dans un verre
Sa tige penche raide
un bourgeon qui s’abreuve d’eau calme
dans le froid moins rude de cette pièce
déroule son bleu strié

Une autre ébauche datant de l’époque de Lumière de Neige, Lumière d’Eau : écrite à la ferme de Kiln Hill, sur le site du Mur d’Hadrien, vers la fin de 1981.

Orkney

a scapular of sea
between islands : smooth, shining
as thin bone

feather, mouse-skull, broken
chambered shell
the clean death by water
and salt wind

a roofless cottage
from the dark door space flying
lapwing or whitemaa

your eyes, my eyes
the colour of these islands
a travelling grey

Orkney

un scapulaire de mer
entre les îles : lisse, luisant
comme un os mince

plume, crâne de souris, coquille
évidée, brisée
une mort propre
par l’eau et le vent salin

une petite maison sans toit
par l’espace noir de la porte l’envol
du vanneau, du whitemaa

les yeux, mes yeux
la couleur de ces îles
un gris qui bouge

d’un carnet où Frances jetait des notes lors d’une visite à Orkney en avril 1982. Comme très souvent elle leur donna la forme du haïku ou proche du haïku.

Wilson Ward

earless
eyeless
noseless
we drift on
in our lonely beds
the old one
Mrs Rivers
eighty five
floats out
sans everything

Salle Wilson

sans oreilles
sans yeux
sans nez
nous dérivons
sur nos lits solitaires
la vieille
Mme Rivers
quatre-vingt cinq ans
se retire
dépourvue de tout

Écrit à l’hôpital en août 1983 : “c’est tout ce que je peux faire en ce moment”.

Orcop Haiku

Garway HiIl through rain
– my September window pane
glass beads flung on glass

Haïku d’Orcop

Colline de Garway sous la pluie
– ma vitre de septembre
grains de verre jetés sur le verre

Le dernier poème que Frances écrivit. Depuis des mois elle ne quittait plus son lit, son monde se limitait à ce qu’elle voyait par la fenêtre.

Extraits de Collected Poems, Bloodaxe 1985.
Traduction de Claude Held

 

 

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