L’insurrection poétique : trois pistes pour écrire

L’insurrection poétique : trois pistes pour écrire

Un petit tour chez monsieur Littré nous rappelle que le mot insurrection vient du latin ce qui n’étonnera personne. Le verbe latin “insurgere” signifie “se lever contre”. Il est étymologiquement de la même origine que “surgir”.

Vous voyez quelque chose ? Pas encore ? Ça va venir…

Avant d’aller plus loin, voici ce que dit, dans la présentation du Printemps des Poètes 2015, Jean-Pierre Siméon à propos de la poésie puisque c’est bien d’elle qu’il s’agit :

Parole levée, vent debout ou chant intérieur, elle manifeste dans la cité une objection radicale et obstinée à tout ce qui diminue l’homme, elle oppose aux vains prestiges du paraître, de l’avoir et du pouvoir, le voeu d’une vie intense et insoumise. Elle est une insurrection de la conscience contre tout ce qui enjoint, simplifie, limite et décourage. Même rebelle, son principe, disait Julien Gracq, est le « sentiment du oui ». Elle invite à prendre feu.
Voir la présentation complète sur le site Printemps des Poètes

Voilà qui peut éclairer une démarche d’expression, d’écriture, avec des  enfants ou des jeunes.
L’insurrection poétique est une prise de parole, une affirmation de soi. Si elle est d’abord une réaction, elle porte, en creux, une dimension positive. S’insurger “contre” quelque chose, c’est nécessairement “pour” affirmer autre chose. D’une certaine manière, c’est un jeu de miroir. Si quelque chose me révolte, c’est que j’ai autre chose à affirmer, à proposer.

 

Une première piste

Une première proposition d’activité avec des jeunes (et même des très jeunes) publics : partant d’une photographie liée à des événements ou à des situations difficiles (conflits, bouleversements climatiques…) inviter à une libre expression, noter les mots et éventuellement des expressions formulées. Mettre des mots sur les sensations, les impressions, les sentiments.
À partir ce ces mots, bâtir un texte.

Remarque : on pourra voir comment s’organise l’expression selon qu’il y a ou non des personnes sur les supports visuels utilisés (des adultes, des enfants). En utilisant, par exemple, une image de paysage ou de ville après un séisme, un bombardement, une tempête, sans personne. Ou une image avec la présence d’hommes, de femmes, d’enfants. Là encore, les réactions peuvent varier selon qu’il y a des enfants ou non.

Une seconde piste

Établir une liste de mots et leur contraire, leur opposé, leur complément. Par exemple :

nuit / jour
long / court
lui / elle
présence / absence
mémoire / oubli
… / …

Faire ainsi provision d’une quarantaine d’associations.
À partir de ces doubles, écrire, en utilisant des mots de la première colonne seulement, ou de la seconde seulement. Essayer des assemblages de mots par deux. Par exemple, avec “lui” et “présence”, on peut obtenir “sa présence”, “lui, présent”, “sa présence à lui”…  Avec “nuit” et “”long”, on peut obtenir “longue nuit”, “longue, la nuit”, “longue, longue la nuit”, “longer la nuit” …
On collecte des constructions ainsi élaborées que l’on complexifie ensuite en les assemblant à nouveau. Par exemple : “Avec lui présent, longer la nuit, longue, longue”…

Une troisième piste

Faire une liste de “ce qui me (te, nous) manque”. Avec les mots de cette liste, écrire. On peut, pour habiter le thème de l’insurrection, commencer par :

  • il faudrait…
  • si seulement…
  • qu’un jour…

 

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