Je veux être poète mais je suis pressé et je suis déjà plus vieux que Rimbaud quand il a commencé Rimbaud toujours lui devant derrière en haut en bas y’en a marre de Rimbaud dit celui qui veut être poète et qui est pressé de l’être |
Les Épiphaniques Yvon Le Men Avec des œuvres de Richard Louvet Éditions Bruno Doucey, février 2022 ISBN : 978-2-36229-393-1 Prix : 16 euros
Ils sont douze (ce n’est certainement pas un hasard). Yvon Le Men nous parle de douze rencontres avec des égarés de la vie, malchanceux, marginaux, immigrés, orphelins, veuves ….tous abandonnés de la vie. « Ils ont des choses à nous dire, eux qu’on n’écoute pas, et qui nous regardent vivre depuis des lieux que nous évitons de voir. D’un pont, d’un foyer, de la rue, d’une caravane, du froid, du bruit, de la violence ». Le poète a écouté ces hommes et ces femmes « blessés et dont les blessures saignaient en silence ». Il raconte à la fois leurs itinéraires et leurs espoirs avec des mots simples et directs. Son écriture poétique est au service de leurs récits de vie. Le poète écoute, met en vers leurs récits, ennoblit leurs destins de déclassés mais il établit aussi des correspondances avec sa propre vie. Quand tel ou telle évoque sa révolte, Yvon Le Men rappelle qu’il fut aussi, à un moment de sa vie, ce « jeune révolutionnaire ». Aujourd’hui, c’est le même épris de justice et de fraternité qui regarde avec sympathie ceux qui « marchent vers les ronds-points/mains sur l’épaule ». Lors d’une rencontre avec un orphelin qui rêve aussi de devenir poète, son itinéraire personnel de poète refait surface. La poésie généreuse d’Yvon Le Men redonne vie,voix et dignité à douze « invisibles » qui peuvent déclarer à l’unisson : « Nous ne sommes pas que des cicatrices ».Michel Foucault