La toile de l'un

Afrique(s)

Afrique(s)

Un autre poème
Est censé être ici
Une goutte d’eau
est tombée sur la feuille
Alors mon poème a tressailli
Dégagé son corps mouillé
et sauté par la fenêtre !
Qui parmi vous croise un poème
qui court
Terrorisé et pieds nus
dans la rue
Ait l’amabilité de me le rendre !

Mohammed Zidane

 

N’y eût-il dans le désert
qu’une seule goutte d’eau qui rêve tout bas,
dans le désert n’y eût-il
qu’une graine volante qui rêve tout haut,
c’est assez,
rouillure des armes, fissure des pierres, vrac des ténèbres
désert, désert, j’endure ton défi
blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen.

Aimé Césaire

J’aurais aimé être une reine. Avoir une grande cour. Des hommes et des femmes autour de moi. Les uns pour me servir, les autres à ma charge.
J’aurais aimé être une reine. Avoir une voix qui compte. Dire « je veux » et avoir. Dire « je peux » et pouvoir. Dire « c’est ça » et c’est ça.
J’aurais aimé être une reine. Être de mon temps. Adhérer au monde. Tenir tête à la nuit. Faire corps avec l’espoir.
J’aurais aimé être une reine. Triompher de moi-même. Être la chance des autres.

J’aurais aimé être une reine. Avoir un nom qui dure, une danse qui me porte.
Je me serais au moins permis le rêve si la mort qui n’a pitié de personne n’avait fait de moi la petite dernière qui se cherche sans savoir s’il lui faut monter ou descendre.

Kouam Tawa

Les lignes de nos mains
ni Jaunes
ni Noires
ni Blanches

Ne sont point des frontières
des fossés entre nos villages
des filins pour lier les faisceaux de rancoeur.

Les lignes de nos mains
sont des lignes de vie,
de Destin
de Coeur
d’Amour,
de douces chaînes qui nous lient les uns aux autres
les vivants aux morts.

Les lignes de nos mains
ni blanches
ni noires
ni jaunes

Les lignes de nos mains
unissent les bouquets de nos rêves.

Bernard Dadié

 

Quand je pense à la mer

C’est à l’eau que je pense,
 verte et mouvante
Pas au poisson, pas au bateau.

Quand j’écoute la mer

C’est bien l’eau que j’entends,
sourde et roulante
Et pas le coquillage,
et pas le vent.

Quand j’entre dans la mer

Froide et secrète
comme un grand abreuvoir

C’est moi le coquillage
et le bateau

Et la vague et le vent et l’eau

Et je bois le soleil.

Jacqueline Daoud

 

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