Visitações,
ou poema que se diz manso
De mansinho ela entrou, a minha filha.
A madrugada entrava como ela, mas não
tão de mansinho. Os pés descalços,
de ruído menor que o do meu lápis
e um riso maior que o dos meus versos.
Sentou-se no meu colo, de mansinho.
O poema invadia como ela, mas não
tão mansamente, não com esta exigência
tão mansinha. Como un ladrão furtivo,
a minha filha roubou-me inspiração,
versos quase chegados, quase meus.
E mansamente aqui adormeceu,
feliz pelo seu crime.
|
Visitations
ou le poème qui se croit apprivoisé
Tout doucement, elle est entrée, ma fille.
L’aube est entrée avec elle, mais avec
moins de douceur. Nu-pieds,
elle faisait moins de bruit que mon crayon,
son rire était plus éclatant que celui de mes vers.
Tout doucement, elle s’est assise sur mes genoux.
Le poème entrait avec elle mais pas
avec autant de douceur, pas avec cette sereine
exigence. Comme un voleur discret,
ma fille m’a volé l’inspiration,
ces vers presque nés, presque miens.
Et elle s’est endormie ici, paisiblement,
heureuse de son crime. à un air immobile
une frêle campanule de novembre
repose dans un verre
Sa tige penche raide
un bourgeon qui s’abreuve d’eau calme
dans le froid moins rude de cette pièce
|