3Il faut pénétrer dans le cœur des villesavec la masse à l’heure du labeur pourtrouver de la poésie au quotidien. 6Ne pas se contenter de voirni de croire, sentir touchertenter en permanencede traverser ces fleuvesaux rives instablesoù règne la différenceentre la carte des mondeset la réalité perçue. Fragiles FragmentsTextes : Saïd

Jardin caché, bâché, interdit même au vent.C’est le château de Polyéthylèneet ses prodiges. Abracadabra ! Un arbre aux pommes d’or,un carosse, un palais,une belle au pailler dormant….Ne riez pas,ici métamorphoses, ici sortilèges. Aux JardinsTrente poèmes et davantageTextes et photos : Jean-Paul BoudaudEdition : Léon art & stories, mars 2019ISBN 979-10-92232-46-2

Ce tapis que le temps déroule,flottant, instable, sous mes pieds(tant va mon délire qu’il coulele siège-barque où je m’assieds) ce tapis sur le terrain vaguede ma pensée est, pour les mots,un lit d’oubli lorsque mon vagueà l’âme éteint, réduite aux os, une défaillante aventure.Lors, ignorant l’obscurité,la peur, s’élève la voix

Déprise Entre un néant et un autrej’avanceje considère étonnée le parking de l’Intermarchéla Biocoop, la station servicequoique comme une chose rare j’aime l’odeur de l’essence.Mon corps fourmillefatigué d’écouter mon désastredeux chardonnerets se posent alors sur le trottoiry dessinentune constellation.Je pose mon verreet j’entreen magie. La Fenêtre est restée ouverteÉlise FeltgenÉdition

Poncer toujours poncer. Et puis poncer encore toujours poncer des mots dans le creux de mes bras, les arracher de mes mains abîmées. Poncer comme une urgence poncer pour ne pas tomber poncer pour supporter poncer pour ne pas hurler. Poncer, toujours poncer affûter limer jeter les mots blessés affûter

Ce matin c’est l’automneà dire ces motsje me sens vieillir Kobayashi Issa (1763-1828) Couchant d’automnela solitude aussiest une joie Yosa Buson (1716-1784) Voie lactéesur les champs de patatesLa gelée blanche ! Masaoka Shiki (1867-1902) Fût-ce en mille éclatselle est toujours làla lune dans l’eau ! Ueda Chôshû (1852-1932) Poireaux lavéspoireaux

Merci aux douches écossaisesde réveiller les endormis aux douches à l’italiennede laisser libre l’eau Merci au dindon bronzéd’Amérique au piment d’Espeletteau poivre du Malabar Merci aux poissons de la Loirede nager sans jamais se noyer Merci au condor des Andesde prendre tant de hauteur Merci au loup de Sibérieà la

Autre méthode d’ouverture Ouvrirle dictionnaireet fixer de nouveaule mot « miroir »droit dans les lettres. Après quoi, en poursuivre,selon son inclinaison, les refletsplus ou moins netsqui nous viennent sous les doigts. Et de la sorte dériver, dériver-l’esprit radeau-tant et plus,plongé dans la brumeépaisse du volume en main-    et tout cela,en

Bétonnière Ronflement hypnotique de la cuve videelle grince en ses rouagesdans un tournoiement stérile     – une comptine répétée à l’infini Remplir la panse métallique d’une eau turbideSable gravier ciment s’y amalgament     – chuintement rythmé où se chuchote un enchevêtrement inéluctable Ventre fécond d’une dalle bétonnière     – une terrasseOn y installera

Ce n’est pas rienUn paysage qui écoute Ce n’est pas rien Un arbre qui se penche Pour écouter le vent la nuit le poèmeLe chemin haletant et la sève meurtrie Ce n’est pas rien puisque soudainJ’ai entendu vivre en moi une forêt Comme un livre ouvert à la croisée des