Cheryl Savageau

Cheryl Savageau

Cheryl Savageau a pris l’habitude de tisser les histoires, traditionnelles,
personnelles, familiales, avec celles de la colonisation et de la résistance.
Elle nous montre un territoire de bois, rivières, montagnes, qui tous ont une
signification forte pour le peuple Abenaki. A travers cela elle nous dit les
difficultés et la compléxité d’être mère, d’être terre, d’aimer et de survivre,
d’être métisse ( ses racines sont à la fois Franco-Canandienne et Abenaki).
Elle affirme la Nouvelle Angleterre comme étant une terre Indienne sans
pour autant privilégier les histoires d’avant l’arrivée des colons européens.
Cheryl fait preuve d’humour, de tendresse, adopte une poésie simple et
directe. Elle dit qu’elle est venue à l’écriture par acccident quand à
l’université, elle s’est inscrite à un cours de poésie qui se révéla être un
atelier d’écriture. Elle écrit prose et poésie. Elle enseigne au niveau
universitaire, dans les départements d ‘études amérindidennes, elle pratique
le tissage en tant qu’artisanat d’art.

Like the Trails of Ndakinna

We’re French and Indian like the war
my father said
they fought together
against the English
and although that’s true enough
it’s still a lie
French and Indian
still fighting in my blood
The Jesuit who traveled up the St. Lawrence
found the people there uncivilized
they will not beat their children
he wrote in his diary by candlelight
and the men listen too much
to their wives
You who taught me to see no borders
to know the northeast as one land
never heard the word Ndakinna
but translated without knowing it
our country, Abenaki country
Grandmothers and grandfathers
are roaming in my blood
walking the land of my body
like the trails of Ndakinna
from shore to forest
They are walking restlessly
chased by blue eyes and white skin
surviving underground
invisibility their best defense
Grandmothers, grandfathers,
your blood runs thin in me
I catch sight of you
sideways in a mirror
the lines of nose and chin
startle me, then sink
behind the enemy’s colors
You are walking the trails
that declare this body
Abenaki land
and like the dream man
you are speaking my true name
Ndakinna

Comme les pistes de notre pays

Nous étions Français et les Indiens aiment la guerre
disait mon père
ils combattirent ensemble
contre les Anglais
et bien que parfaitement vrai
c’est quand même un mensonge
Français et Indien
se battent encore dans mon sang
Les jésuites qui avaient remonté le Saint-Laurent
trouvèrent que les gens y étaient non civilisés
ils ne battrons pas leurs enfants
écrit-il dans son journal à la lumière de la bougie
et les hommes écoutent trop
leurs femmes
Toi qui m’apprend à ne voir aucune frontière
à connaître le nord-est d’un territoire
n’a jamais entendu le mot Ndakinna
mais l’a traduit sans le savoir
notre pays, le pays Abenaki
Grands-mères et grands-pères
errent dans mon sang
arpentent le pays de mon corps
comme les pistes de Ndakinna
du rivage à la forêt
Ils marchent sans repos
chassés par des yeux bleus et une peau blanche
survivant sous terre
l’invisibilité est leur meilleure défense
Grands-mères, grands-pères,
un filet de votre sang coule en moi
mon regard vous attrape
de profil dans un miroir
les lignes du nez et du menton
me surprennent, puis s’enfoncent
derrière les couleurs de l’ennemi
Vous marchez sur la piste
qui déclare ce corps
territoire Abenaki
et comme le rêveur
vous prononcez mon vrai nom
Ndakinna

   

At the powwow

my mother, red-haired,
who lived with my father
forty years,
who buried my grandparents,
whose skin was brown, she said,
from age,
watches the feathered dancers
and says, so that’s
what real Indians look like.
I wrap the shawl around my shoulders,
and join the circle.

Au Powwow

Ma mère, rousse,
qui vécut quarante ans
avec mon père,
qui enterra mes grands-parents
dont la peau était brune, affirmait-elle,
depuis sa maturité,
regarde les danseurs emplumés
et dit, et bien voilà à quoi
les vrais Indiens ressemblent
Je me drape les épaules dans un châle
et rejoint le cercle.

 

 

After Listening to a Reading of
Romantic Poems About Columbus :
One More Thought :

His name
was my grandmother’s
favorite curse word.

Après avoir entendu une lecture de poèmes
romantiques à propos de Colomb :
une pensée supplémentaire :

Son nom
était le juron préféré
de mon grand-père.

 

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