Continent

Il nous fallut gravir lentement le retour,
plus en avant dans le sud,
les vallons de désert,
les herbes hautes et coupantes.

Je me souviens des épaules douloureuses,
étroitement enfoncées, les buvards des ciels,
métalliques sur l’iris,
les jambes et la poitrine à vif,
comme si la chair s’était retournée sur la peau

 

Continent
Laurie Courtois
Éditions Phloème
ISBN 979 1 0961 9936 5
Prix : 25 €

Continent s’ouvre comme un carnet de voyage. Les arabesques qui couvrent le bleu de la couverture évoquent les vagues ou les courbes d’une carte marine. Elles se poursuivent à l’intérieur de l’ouvrage pour se métamorphoser en lignes de reliefs montagneux ou en contours nuageux. Place aux voyages donc. Laurie Courtois privilégie les voyages à pied. Elle traverse une très grande diversité de paysages : des plus accueillants aux plus hostiles, des reliefs du Haut-Kœnigsbourg aux frontières scandinaves ou slovaques, de jour comme de nuit, par tous les temps et en toutes saisons.

L’autrice expérimente les limites de son corps entre douleur et bien-être ( « je me souviens des épaules douloureuses,/…/Les jambes et la poitrine à vif », « nous offrions dans le matin nos cuisses/nos mains et nos lèvres, douloureuses/à ce froid qui portait déjà en lui/les premières tiédeurs  »). Elle s’ouvre au monde qui s’offre à son regard et en redéfinit les frontières (« Je lisais des terres/ que je ne connaissais qu’à peine/…/et dont je ne pouvais qu’entrapercevoir/leur extrême densité  »). Elle « s’étonne toujours de se laisser surprendre  ». La marche est à la fois source d’expérimentation, source de connaissances, source de rêverie et source de joie.

Bel éloge de la marche comme exploration sensible de soi et du monde.

Michel Foucault

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