Dans l’entre-temps, j’écris

Dans l’entre-temps, j’écris

Le temps frappe ; je l’entends parfois derrière les jalousies, le bleu épais du bois d’ici. Je pousse un volet, mets la main sur ce bleu, dedans. Ma paume n’y laissera pas de trace, ne s’y noiera point, pourtant elle l’aura touché, s’en sera nourrie. Le repas aura duré l’éternité d’une seconde. J’y aurais bu à la régalade le ciel et la mer. D’un seul trait.

Dans l’entre-temps, j’écris
Jean-Claude Tardif
Texte liminaire de Patricia Castex Menier
encres d’Hervé Delabarre
édité par la revue À L’INDEX
Collection Les Plaquettes, 2020
12,00 €

Les poètes sont-ils les plus fins observateurs du temps qui passe ? À la lecture de “Dans l’entre-temps, j’écris”, de Jean-Claude Tardifil est permis de répondre oui. L’auteur semble perpétuellement à la recherche du temps perdu, celui que nous ne savons pas garder, préserver, celui qui nous (re)plongerait dans une enfance retrouvée. Une lutte entre le concret et l’illusoire “Je regarde passer les heures, la vitre n’en garde aucune trace”.
Le poète écrit “dans l’entre-temps, dans cet espace minuscule qui ne connaît ni faille, ni béance.” peut-être dans un temps suspendu, préservé, qui n’empêchera pas l’autre temps de passer, dans un silence qui revient de manière régulière, tout au long de l’ouvrage, comme pour mieux sonner les heures.
Les textes, succession de courtes réflexions, pensées, espoirs ou désillusions de l’auteur, battent au rythme des encres d’Hervé Delabarre qui pourraient être des scintigraphies d’un cœur qui vit, qui bat et espère. L’écriture peut-elle le sauver ?

Robert Froger

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