Journal de Belfort

Journal de Belfort


Attente parmi les palmes
Emplies de baisers roux
Dont la splendeur étonne


Journal de Belfort
Béatrice Douvre
Illustrations : Marc Bergère
Éditions La Coopérative, 2019
ISBN 979-10-95066-29-3
20,00 €

Patchwork associant un journal flamboyant (Journal de Belfort), des poèmes et un bref journal quasi chirurgical relatant la manière dont les anorexiques étaient traités en milieu hospitalier dans les années 80 (Passante du péril – journal d’une anorexique), ce livre est un bouleversement.
Il est des êtres pour lesquels écrire est une urgence. C’e fut de toute évidence le cas pour Béatrice Douvre. Une urgence brûlante qui prend ici la forme d’un journal et de poèmes. Pour lutter contre l’enfermement de la maladie – l’anorexie – la parole est cette puissance qui incendie les portes et fait tomber les murs. Un moment où l’on peut croire, de manière fugace, à la délivrance. Un moyen de conjurer les doutes, de nommer les frustrations pour s’en alléger, peut-être, et s’élever.
L’anorexie est une prison qui ne dit pas son nom. Ses murs, sans doute, trouvent leurs fondations loin dans l’enfance où les figures de Père et de Mère se dressent à qui l’ont ne peut certainement pas tout dire.
Dans l’omniprésence du corps qui souffre, des désirs contrariés, de l’amour impossible, des déchaînements qui ne libèrent pas, Béatrice Douvre oscille entre force et fragilité, celles que confère le pouvoir d’écrire, de dire, de nommer parce que nommer, c’est tenter de prendre le pouvoir pour ne plus subir.
Il y a dans ce journal un puissant compagnonnage du corps et de l’esprit. Un tutoiement intime de l’au-delà qui n’est pas éloigné, mais bien présent, convoqué dans le texte. Dieu et sa puissance, le Christ et sa souffrance qui est chemin de rédemption. Le relèvement et la chute. La lumière et les ténèbres. L’éclat, la fange et la boue. Le corps et ses exigences tracent des chemins où se vivent ses contradictions, son amour impossible qui, mêlant réalités et délires, créent une fantasmagorie flamboyante où la vie rêve d’un chemin de pureté.

Alain Boudet

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