Journal de gestes

Journal de gestes

 


Quand je m’ennuie, je marche sur l’eau. C’est un passe-temps sans beaucoup d’attraits. Je ne retire même pas mes chaussures. Les miracles, j’y croyais à l’époque de l’enfance. J’en provoquais par accident et je riais à l’idée de rêver.
À présent, je dérange juste mon sommeil, je passe à travers les murs, je vole un peu. Puis, sans doute par habitude, je marche sur l’eau.
Je n’ai pas le souvenir qu’une rivière s’en rappelle.

Journal de gestes
(Gebarendagboek)
Carl Norac
traduit en néerlandais par Katelijne De Vuyst
Éditions Maelström, 2020
ISBN 978-2-87505-358-9
3,00 €

Voici un petit recueil de textes bâtis avec le fil des jours. Des nuits aussi peut-être. Ce qui reste d’écume quand on fait des rencontres, que l’on observe, que l’on recueille. Si c’est une épopée, c’est celle, humble et magnifique à la fois, de la vie comme elle vient. Carl Norac a cette aptitude rare à faire incendie de toute étincelle. Son rapport aux mots et à la vie est ouvert aux surprises, rebondit sur l’inattendu, porte nostalgie autant qu’enthousiasme. S’il y a dans son écriture un calme de surface, il y a souvent du tumulte dans les profondeurs du poème. Carl Norac chemine, bifurque, traverse, s’attarde, visite le monde comme s’il était à la fois un lieu d’humanité et une œuvre d’art qui s’ignore. Il débusque la beauté là où elle se trouve même si elle ignorait être là. Il y a aussi, dans son écriture, quelque chose qui défaille ou déraille sans pour autant s’arrêter, cheminement un peu surréaliste qu’Achille Chavée ne renierait sûrement pas.

Alain Boudet

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