Déprise
Entre un néant et un autre
j’avance
je considère étonnée le parking de l’Intermarché
la Biocoop, la station service
quoique comme une chose rare j’aime l’odeur de l’essence.
Mon corps fourmille
fatigué d’écouter mon désastre
deux chardonnerets se posent alors sur le trottoir
y dessinent
une constellation.
Je pose mon verre
et j’entre
en magie.
La Fenêtre est restée ouverte
Élise Feltgen
Édition : Polder 205 , 2025
ISBN : 978-2-35082-602-8
Tu connais ça le poème en 15 min ? / C’est le poème des mères fatiguées. Comment s’accorder un temps pour écrire un poème quand le quotidien laisse peu de part au rêve, qu’il est happé par les tâches matérielles et répétitives: passer la toile, couper les oignons, penser à la liste des courses, surveiller le feu sous la casserole ou étendre la lessive? Comment ne pas céder au découragement face à la routine du quotidien ? Comment échapper au désarroi devant la fatigue du corps qui s’use et qui vieillit ? Comment faire un poème de cette misère-là ?
Élise Feltgen affirme qu’il n’est de poésie que quotidienne. Pour traquer cette poésie du quotidien, elle invite à se déprendre, à se dégager, à se détacher des pesanteurs du réel en laissant la fenêtre ouverte sur le monde qui nous entoure pour mieux l’accueillir et mieux en capter ses présents qui frémissent. De cette bienveillance surgissent de nouveaux mots qui permettent de débusquer les beautés enfouies dans le gris du quotidien, d’entrer en magie, de sentir l’infini des rayons du soleil, de dire l’amour qui passe ici. Des mots apaisants qui aident à se relever quand on n’est pas très en forme.
Michel Foucault