La ligne sous l’œil

La ligne sous l’œil

J’écoute le vacarme du monde
que l’on jette à tous les balcons,

le bruit incessant des voix
comme des bottes sur le pavé

mais j’entends aussi l’enfant,
la bille qui de sa main glisse,

ce petit rebond sur les carreaux,
cette harmonie infinie dans le chaos.

La ligne sous l’œil
Christophe Sanchez
Éditions Gros Textes, 2020
ISBN : 978-2-35082-440-6
ISSN : 2645-9469
8,00 €

« La ligne sous l’œil  » ce sont les cernes et les poches que l’on remarque sous ses yeux. Coups de fatigue, signes de stress ou marques de l’âge ? En tout cas traces de l’épuisement du corps quand il a du mal à faire face.

Christophe Sanchez capte avec délicatesse les doutes qui s’installent quand le regard interroge « la pogne des jours », quand le « corps perdu au fond de l’abîme » nous saisit de vertige, quand on se dit qu’ « il faudra tenir tout le jour/la mâchoire serrée », quand le monde devient flou, quand on voit « passer les heures/dans la soupe du soir  », quand les gestes deviennent plus lents et plus hésitants, quand on voit «  partout le monde s’époumoner ».

Malgré la crainte de perdre l’équilibre et la peur du grand effacement, Christophe Sanchez ne cède pas au désespoir. Il s’accroche aux petits riens de la vie : le vent qui joue avec les rideaux, une «  fenêtre qui apaise , un coin de ciel bleu où ranger sa peine  », « un air de violon échappé d’une fenêtre » qui joue une douce mélancolie. Le poète trouve dans les mots ce qui l’aide à fredonner « encore de vieux airs désuets » pour alléger sa lassitude et poursuivre son chemin. « Chansons légères pour garder/ une insouciance sous la langue ». Des mots qui aident à réapprendre à vivre et à aimer le monde.

Michel Foucault

Formulaire de contact