La toile de l'un

La poésie à petits pas …

La poésie à petits pas …

mardi 6 janvier : ça commence…

L’insurrection poétique… Voilà un bien gros mot qui s’est glissé sous notre nez, atchoum. Gros mot pour des petits cocos de CM1 et CM2.

Ce mardi matin, les frimousses sont arrivées, 29 au total, tout intimidées dans le bateau-livre. On s’est serré comme des sardines dans le coin-lecture et en avant pour une découverte de Dame Poésie, pour cette première séquence.
Avec la “maîcresse”, durant le premier trimestre, les enfants ont appris un poème de leur choix. Ingrid Imberti a découvert chez eux un véritable amour pour leur poème. Ils l’ont appris et dit avec plaisir. Ils avaient envie de partager ces mots qui chantaient pour eux. Tout naturellement, la poésie nous offrait une belle rencontre entre École et Collège.
En explorant les recueils, Dame Poésie se présente et se révèle.

  • D’abord, on s’est dit : la matière de la Poésie, c’est quoi ? Ce n’est pas du bois, du métal, ce n’est pas du plastique ou de la laine … La matière de la poésie, ce sont des mots, de la musique, des images.
    Dame Poésie est faite en mots, musicalité et images.

Et en ouvrant tous ces recueils, on a constaté que :

  • on se souvient d’abord des FABLES, les premières poésies apprises à l’école : on a constaté que la La Fontaine avait copié (oh ! oui mais il a un sacré talent tout de même) et qu’il existait encore des fables aujourd’hui.
  • On a constaté que LA POESIE EST INTERNATIONALE, et qu’à l’occasion, notre ami Basho avait lancé un genre poétique, le haiku, toujours à la page aujourd’hui dans tous les pays. Les haikus d’aujourd’hui nous parlent toujours de la nature et des saisons…
  • On a constaté que jadis Dame Poésie était vêtue d’une robe superbe, mais au corset rigoureux : la VERSIFICATION. Et nous voici en train de compter les syllabes d’Oceano nox. Des « alexandrins » ! Il n’a pas fait que compter, car le poème a vraiment du sens, et il est superbe ! Hugo n’était donc pas un comptable mais bien un poète. Et de lire Demain, dès l’aube… avec beaucoup d’émotion pour ce Papa en deuil. Et allons faire un petit tour dans la machine à remonter le temps, chez Du Bellay avec son petit Liré. Heureux qui comme Ulysse …Tiens, ces « paragraphes », ce sont des strophes. Des quatrains, des tercets … c’est un « sonnet ».
    Et dire qu’ils apprenaient à écrire comme ça, tout jeunes, à l’âge des CM1 – CM2. Ils avaient de l’entraînement … et ils se donnaient toute cette peine pour la musique des mots, qu’elle coure comme une eau limpide.
 
  • Et nous voici devant Baudelaire et les chats : oui c’est une musique (même si on ne comprend pas tous les mots), un sonnet en alexandrins … C’est lui qui a enlevé la robe et le corset de Dame Poésie … mais c’était pour l’ aider à enfiler des vêtements plus modernes !
Nous découvrons Rimbaud : il n’avait pas une barbe blanche comme Hugo, on peut donc ETRE JEUNE POETE . Pas besoin d’attendre d’être vieux pour écrire. C’était même un beau jeune homme et drôlement rebelle. Au début, cet adolescent écrivait comme on lui avait appris (Le Dormeur du Val). Mais il a balancé ses chaussures par dessus bord, fait des fugues, et sur la route de sa Bohème, il a libéré la Poésie de son corset, les structures explosent, et voici des vers libres, des vers étranges (Voyelles). Oui et c’est musical tout de même et magnifique. (même si on ne comprend pas tous les mots, ça n’est pas très grave) et on s’est permis de voir que Dame Poésie pouvait aussi porter un “jean”.
  • Et puisque la poésie s’était libérée des règles strictes de la versification, en voici un autre qui est allé encore plus loin dans la libération, la poésie, ce sont des mots et des images. Nous écoutons Apollinaire. Là, ô surprise : les poèmes ont une forme ! ce sont des mots-dessins ! Des calligrammes ! Oui, on peut faire comme ça aussi … Ça change drôlement de la robe à corset. Et qui n’a pas appris Le cancre de Prévert ? Allons nous balader et butiner dans ce pré vert là. On a feuilleté le livre, regardé les illustrations colorées. Et les photos du Poète …
  • Puisqu’on en était là, on a constaté que les poètes n’étaient pas seulement des gens morts. LES POETES SONT VIVANTS ! On peut leur parler, leur serrer la main.
    On a repensé aussi aux chansons … celles qu’on écoute en français : Cabrel, Goldmann, Calogero, Voulzy … Ces artistes écrivent des poèmes, ils ajoutent de la musique à la musique des mots.

Alors, voilà : Dame Poésie est là, maintenant devant nous, et nous la connaissons un peu mieux.

Elle nous invite à écrire, il faut essayer …

On s’est dit qu’Eluard nous donnait des chouettes idées pour écrire. On a lu L’amoureuse : ainsi, on peut écrire en commençant chaque vers par “Elle a”…
Je te l’ai dit pour les nuages … on peut commencer ses vers par “Je te l’ai dit”, puis “pour” …
“Je t’aime” puis “pour” …
Pour notre thème d’insurrection, on relit Liberté : “Sur … j’écris ton nom”
On regarde ensemble le recueil La cour couleurs. Les poètes se révoltent et dénoncent ce qui est injuste, ils écrivent pour la Paix et dénoncent les guerres (On n’aime guère que la Paix). Les enfants ont regardé avec beaucoup d’intérêt
les contrastes forts entre les dessins colorés et les photos en noir et blanc, entre les dessins joyeux et tendres, et les photos de guerre et de destructions. Ils ont vu également l’opposition entre les mots doux et les mots meurtris des poèmes.
En amont, ils avaient déjà constaté avec Ingrid la force des illustrations, des couleurs avec des poèmes, qui sont eux-mêmes remplis d’images.
Avant de partir, je leur rappelle que ça n’était pas forcément assis devant une table qu’on a envie de faire de la poésie. Il vaut mieux avoir un petit carnet sur soi car lorsque la Poésie passe, c’est souvent à des moments inattendus …
La “maîcresse” a emporté la pile de recueils pour aider au recueillement, s’inspirer des illustrations, jongler avec les mots.
Je leur ai donné une petit aide « Écrire pour, écrire contre » (voir le document en annexe), afin de tourner autour des mots de l’insurrection, de la résistance en poésie …
29 frimousses adorables, qui ont appris des poèmes de leur choix, par pur plaisir, qui vont feuilleter les recueils, et tenter l’écriture.

Bibliographie des ouvrages présentés aux enfants

Fables – éditions Milan, 2011 –  (Esope et Jean-François Martin)
Le fabuleux fablier – éditions Rue du monde, 2001 (Jean-Marie Henry et Régis Lejonc)
Cent onze Haiku – éditions Verdier, 2003 (Basho)
Bashô, le fou de poésie – éditions Albin Michel-Jeunesse, 2009 (Françoise Kerisel et Frédéric Clément)
Petits haïkus des saisons – éditions L’école des loisirs, 2006 (Jean-Hugues Malineau)
Tour de terre en poésie : anthologie multilingue de poèmes du monde – éditions Rue du monde, 1998 (Mireille Vautier)
La poésie chinoise : petite anthologie – éditions Mango, 2000 (Isabelle Rabut et Angel Pino)
La petite anthologie de la poésie arabe – éditions Mango, 1999 (Farouk Mardam-Bey)
La poésie algérienne – éditions Mango, 2003 (Rachid Koraïchi et Ghani Alani et Waciny Larêej)
Le Hugo – éditions Mango, 2002 (Victor Hugo et Christine Lassara)
Le Baudelaire – éditions Mango, 1998 (Charles Baudelaire et Gianpaolo Pagni)
Le Rimbaud – éditions Mango, 1998 (Arthur Rimbaud et Chloé Poizat)
L’Apollinaire – éditions Mango, 2000 (Guillaume Apollinaire et Aurélia Grandin)
Le Prévert – éditions Mango, 1999 (Jacques Prévert et Robert Doisneau et Natali)
La cour couleurs – éditions Rue du monde, 2002 (Jean-Marie Henry)
On n’aime guère que la paix – éditions Rue du monde, 2003 (Nathalie Novi et Jean-Marie Henry et Alain Serres)

 

 

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