Charivari
Hier au soir
c’était la fête
dans le salon
toutes les fleurs
ont bu un coup
toutes les plantes
ont bu un pot
(à l’exception
d’un caoutchouc
résolument
imperméable)
Hier au soir
c’était la fête
dans le salon
et ce matin
j’ai retrouvé
le papyrus
à la renverse
le philodendron
dégringolé
de tout son long
dans l’escalier
les bégonias
sur les cactus
et le ficus
dans les soucis
Hier au soir
c’était la fête
dans le salon
et ce matin
je leur ai dit
Plus une goutte
cette semaine !
Jean-Claude Touzeil
Jardins du bout du monde
© Corps Puce, 2006
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Je porte
Le souvenir
D’un cachot noir
D’une petite lucarne
Et haut d’un mur
Noir
Ce souvenir
Entêtant
Cet oubli
Impossible
Ce confetti
De la mémoire
Ce souvenir
De la lucarne rassurante
Si haute
Avec un peu de ciel
Derrière
Cette clarté
Qui me tenait compagnie
Dans le noir
Je me souviens
De ma frayeur
Quand la porte s’est refermée
J’étais punie
Au placard à balais
Avec les araignées
J’ai oublié
La faute
Était-elle
Si grande
J’étais si petite
Niveau
Maternel
École
Catholique
Les araignées
Me sont
Familières
Dan Bouchery
Les éphémères
© Soc et Foc, 2009 |
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Me croiriez-vous si je vous disais
que mes volets applaudissent les jours fériés
que mes escaliers sautent à pieds joints
et que mes lucarnes font des clins d’yeux aux passants ?
Me croiriez-vous si je vous disais
que mon ombre ayant bondi plus haut que de coutume
a croqué le doigt d’une lune
et s’est essuyé le museau sur ma main ?
Vénus Khoury Ghata
in Le français est un poème qui voyage
Anthologie – © Rue du Monde, 2006
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Odeur des pluies de mon enfance.
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d’ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l’encre, le bois, la craie,
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
Ô temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d’oiseaux !
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
René-Guy Cadou
Poésie la vie entière
© Seghers, 2001
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Avant, il y avait sur l’armoire
des jours anciens, délavés, un peu gris
l’encre passée de journaux défraîchis
les feuillets raides dans leur gangue de poussière.
Les pétales flétrissent au soleil, rouge noirci
comme les gouttes d’un sang trop épais
la couronne conserve les parfums de l’herbe et d’un absolu
dont j’ai oublié le nom exact.
Mais toi, mémoire toute neuve,
tu agites tes petites mains
tu danses dans la langue votive de la mère
tu pleures dans la couleur inventée.
Cécile A. Holdban (inédit)
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J’aurai peut-être
une maison verte
ce sera l’arbre inhabité,
ce regard vers la mer
où tant d’eau me regarde,
et l’infini des mots
pour l’infini du ciel.
J’aurai peut-être
une autre vague
pour devenir l’île perdue
sous une étoile qui divague.
Arbre veux-tu ? Algue veux-tu ?
Christian Da Silva
Pommes de plume Pommes de mots
© Éditions Saint-Germain des Prés, 1979
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Ma maison de sortie
Dès que je suis dehors, je fais une maison,
Je fonde une maison qui m’entoure aussitôt,
Qui me couvre et m’abrite et me suit à loisir ;
Légère et non visible, une maison fidèle
Accompagne partout ma vie et mes paroles ;
Ma voix résonne en elle et son intime écho
Me parle en mon patois de choses très privées.
Le temps d’ouvrir un œil de notre chambre noire,
Je deviens l’habitant, le riverain des rues,
Le temps d’un souvenir pris sur plaque sensible
Et c’est un long séjour qui se prolongera ;
Nous avons existé plusieurs fois notre vie
Au bout de la journée, et je replie au soir
Ma maison de sortie avant d’entrer chez moi.
Jean Mogin
La poésie comme elle s’écrit
Les Éditions ouvrières, collection Enfance heureuse, 1979
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j’ai bâti l’idéale maison
Je l’ai proférée en pierres sèches, ma maison,
pour que les petits chats y naissent dans ma maison,
pour que les souris s’y plaisent dans ma maison.
Pour que les pigeons s’y glissent, pour que la mi-heure y mitonne,
quand de gros soleils y clignent dans les réduits.
Pour que les enfants y jouent avec personne,
c’est-à-dire avec le vent chaud, les marronniers.
C’est pour cela qu’il n’y a pas de toit sur ma maison,
ni de toi ni de moi dans ma maison,
ni de captifs, ni de maîtres, ni de raisons,
ni de statues, ni de paupières, ni la peur,
ni des armes, ni des larmes, ni la religion,
ni d’arbres, ni de gros murs, ni rien que pour rire.
C’est pour cela qu’elle est si bien bâtie, ma maison.
[…]
André Frénaud
Il n’y a pas de paradis
© Poésie/Gallimard 1967
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Ma maison
Quand j’ai chaussé les bottes
Qui devaient m’amener à la ville
J’ai mis dans ma poche
Une vieille maison
Où j’avais fait entrer
Une jeune fille
Il y avait déjà ma mère dans la cuisine
En train de servir le saumon
Quatre pieds carrés de soleil
Sur le plancher lavé
Mon père était à travailler
Ma sœur à cueillir des framboises
Et le voisin d’en face et celui d’en arrière
Qui parlaient de beau temps
Sur la clôture à quatre lisses
Et de l’air propre autour de tout cela
Aussitôt arrivé en ville
j’ai sorti ma maison de ma poche
Et c’était un harmonica.
Gilles Vigneault
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NOTRE MAISON
Je te ferai une montagne
Avec des nuages-mousseline
Je poserai une maison en bois
Dessus
Tout autour des sapins
En habits du dimanche
Le paysage sera repassé
De frais
Et les prés tirés à quatre épingles
En bas il y aura un village
Reposé de son histoire
La nuit marchera sur le toit
Et je m’endormirai près de toi
Au chaud de notre amour.
Joël Sadeler
Poèmes à la vanille bleue, 1987
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La maison sur la mer
est une maison
bien ordinaire.
On y murmure des chansons d’amour.
La nuit, on y retient le jour.
Sans prison
sans voleur, ni trahison
sans cage pour la déraison
prenez la vague et entrez
dans la maison posée en paix
dessus la marée.
Debout
dans la chambre à coucher
chantez
chantez grands ouverts vos volets
chantez comment brille
la mer
sous la maisonnée.
Alain Serres
Chercheur d’air
© Cheyne éditeur, Collection Poèmes pour grandir, 1993
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Maison légère
Une maison légère comme une lanterne chinoise habitait, suspendue, au bout d’une branche d’orme, très haut dans les ciels balayés, traversée de petits nuages et parfois secouée comme une cloche à brouillard.
Elle servait la nuit de phare aux oiseaux qui regagnaient leur nid trop tard. Et souvent elle avait à loger des hôtes de passage, migrateurs égarés, pigeons porteurs de nouvelles, éblouis par ses feux.
Un vol hâtif de cloches qui traversait les ondées de Pâques vint un matin la heurter. Détachée sans douleur, elle fut entraînée, portée par les montgolfières de bronze et de chocolat qui se pressaient en silence.
Et comme les clochers, les jardins et les pâtisseries avaient avalé le gros de l’essaim, la maison se déposa toute seule au pied d’un mamelon herbu, bien loin de tout sentier. Une rivière attirée par ses portes-fenêtres a fait un coude dans le salon. Les oiseaux ne l’ont pas désertée, mais il y a aussi des lapereaux entre les coussins du divan.
Un jeune cerf accroche parfois aux lustres ses premiers bois.
Jean Mogin
La nouvelle guirlande de Julie
© Les Éditions ouvrières, 1976 |
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La chambre la plus vaste
À Mathilde
J’imagine une chambre
peuplée d’animaux doux
d’herbes de feuillages
ouverts sur leurs fruits tièdes
Les rivières y seront
plus blanches que les draps
Des soleils la nuit
allumeront leur lampe
L’ombre comme un bateau
traversera ma chambre
Jean-Pierre Siméon
À l’aube du buisson
© Cheyne éditeur, 1991 |
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La maison dans ma tête
Une maison étrange
avec un ciel sous le toit
et des soleils dans l’armoire
dans les tiroirs dans chaque lit
Vraiment une étrange maison
avec ses fenêtres rondes et claires
comme des lacs suspendus
et ses portes qui chantent
et ses couloirs immenses
où vont des trains vers nulle part
Une maison où des lampes bavardent
avec des mots bleus
où les murs ont des oreilles
où des enfants très graves
sortent des miroirs
Une étrange étrange maison
où l’on parle d’amour
comme on respire
une maison belle et chaude
comme un mystère.
Jean-Pierre Siméon
À l’aube du buisson
© Cheyne éditeur, 1991
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Et parfois le seuil s’en allait
Abandonnant la clef
L’usure de tous les pas
Qui n’ont su que la cendre
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Où la maison de lumière
Sur le chemin
Qui ne sait plus le pas ?
Béatrice Libert
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Ma maison
est faite de terre
et de pierres mêlées
Elle est de la même matière
que les chemins
qui conduisent à elle
Elle suit sa route à travers les siècles
Elle a l’âge des atomes
qui la composent
Elle n’a rien à envier aux étoiles
Simon Martin
Dans ma maison
© Cheyne éditeur, 2013
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Quand les arbres seront en briques
et les maisons en feuilles,
la nuit sera liquide comme la mer
et nous dormirons dans des nids
qui auront pris la place des étoiles,
les oiseaux, eux, travailleront dans les banques,
avec les bûcherons.
Jean Orizet
Dis-moi un poème qui espère
© Rue du Monde 2004.
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Dans ma petite fenêtre
j’ai un petit carré de ciel
qui change selon les jours
l’heure et la saison
Il me suffit de le regarder
pour qu’il me donne envie
de lui parler
Dans ma grande fenêtre
j’ai deux grands arbres
qui changent eux aussi
selon le jour l’heure
et la saison
Il me suffit de les écouter
pour qu’ils me donnent envie
de me taire.
Marilyse Leroux (inédit) |
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LA MAISON-OCÉAN
Avec de l’eau de la mer,
de la plage, du vent
et un peu de ciment
il bâtit sa maison :
la maison de ses rêves
Depuis, quand la lune se lève
Les cheminées dressent leurs bras vers elle
et les murs suivent les marées :
En arrière
En avant
En avant,
En arrière,
toutes les vitres roses
gonflées comme des ailes.
Et dans la maison-océan
Vivent vingt millions d’enfants.
Christian Poslaniec
Dis-moi un poème qui espère
© Rue du Monde, 2004
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Une poignée de sable
deux galets
trois gouttes d’océan
je me fabrique
une maison bleue
Il y a tant d’espace
à habiter
au-devant de moi
Je me sens bien
parmi les embruns
les longues vagues
venues d’ailleurs
Je dialogue
avec les mouettes
les phares à l’horizon
le sillage des bateaux
Cette nuit
lorsque tout dormira
je poserai une lune blanche
au-dessus de ma maison
afin que la mer revienne
habiter sous mon toit.
Marilyse Leroux (inédit)
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Chez moi, il n’y a de porte
que dans la tête des gens.
Elle n’est en rien une frontière,
l’ont franchie des hommes d’église
les amis d’enfance
et d’aujourd’hui,
celui qui se différencie de moi,
par la peau ou l’opinion.
Dans ma maison,
vient qui veut,
poète ou pas.
Ma maison est ouverte,
seuls restent sur le seuil,
le dédain, le mal et la bêtise.
Jean-Albert Guénégan
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Les nuages de brume
Ont effacé les moellons du mur
laissant béant le souvenir du lieu
en automne
Aboiements d’un chien
Comme épis de faitage
La maison chante pour qui sait l’entendre
Sa voix souffle par la porte
craque au grenier
mugit à cœur fendre
et supplie le lointain
de ne pas se dissoudre
dans l’espace libre
Jour d’inquiétude
Frédéric Vitiello
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L’Île aux Moines
Pierre ancienne, maisons
aux proportions toujours exactes
la bonne ouverture de fenêtres
et la juste couleur aux volets.
Pentes d’ardoise et de chaume
dessinent une courbe parfaite
au-dessus des mansardes :
personne pour gâcher la vue.
Camélias de sang, tant de fleurs
s’imbriquent, s’impliquent
foisonnent, moutonnent
on ne sait pas toujours leur nom.
Juste après le carénage des bateaux
les chemins débouchent sur l’eau
et les îles aveuglantes
percées de surprise.
Flots de métal blanc en fusion
hachures fortes ou fragiles
d’un fusain anthracite éclairées
soudain par un jaune italien.
L’air brasse les veines
les éléments changent
de sens et d’humeur
à tout bout de champ.
Il y a toujours un bateau
en partance pour une côte
une presqu’île, une cale
une baie, une pointe.
© Eve Lerner
Partout et même dans les livres (inédit)
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Cousue de fil blanc
La maison cousue de fils blancs
Abrite une chatte roturière
Des souris mal conseillées
Un lapin aux yeux rougis
De se savoir condamné
Quelques oiseaux pris au piège
De la peur de voyager
La maison cousue de fil blanc
Large d’épaules et maigre de poitrine
Commence à perdre les cheveux
Les dents et la mémoire
Elle rêve quelquefois
D’une très jeune balançoire
Béatrice Libert
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