Sur les lieux ?
« Dans une petite rue, j’ai trouvé un atelier de peintre qui devrait te plaire ». C’est ainsi que Marie-Brigitte, ma femme, m’indiqua l’atelier de Jean-Claude Glaziou qu’elle venait de découvrir à Saint-Goustan, le vieux quartier d’Auray. Rue Neuve. Elle ne croyait pas si bien dire.
C’est dans une maison vieille de quelques siècles que l’on trouve l’atelier de Jean-Claude, entre une rue étroite et le jardin de Mireille, sa femme. Une multitude de tableaux, le plus souvent étrangement carrés, rangés debout, les uns derrière les autres, empilés sur deux ou trois hauteurs. Un univers que l’on feuillette, que l’on explore en strates, retirant un tableau pour en découvrir un autre. Chacun parlant aussi un peu de l’autre. Un peu de ses couleurs, un peu de son histoire. Aux murs, dans la vitrine donnant sur la rue ou encore accrochés aux poutres, quelques-uns d’entre eux, fruits d’un travail récent ou choisis par le peintre dans l’amoncellement des oeuvres, offrent au regard les jalons d’une aventure au long cours. D’une aventure amoureuse aussi avec les formes, les couleurs et les mots.
Car l’impression la plus saisissante qui m’est restée de cette première rencontre avec les oeuvres de Glaziou, c’est qu’il s’agissait là autant de parole que de peinture.
A ma seconde visite, j’ai rencontré Glaziou. Teint de soleil, cheveux blancs, il a les couleurs de ses peintures. Il en a la joie et la gravité. Il ne parle pas de sa peinture. Il parle avec. Avec les couleurs, les signes, les matières, il dit l’épaisseur des choses. Il dit l’être. Les tableaux nous sollicitent comme le feraient des miroirs de la mémoire. Résolument abstraits, ils nous renvoient l’image d’une enfance du monde. Enfance de l’oeuvre qui germe dans une jeunesse nécessaire. D’elle vient ce sentiment d’une urgence du geste, d’une exubérance du mouvement, d’un télescopage des couleurs. D’elle aussi vient ce trouble, cette impression – cette certitude parfois – que le mystère nous regarde autant que nous le regardons. Que notre regard posé sur l’oeuvre nourrit cette oeuvre même, et que devant nous, elle gagne du sens. Au-delà de la surface du tableau, de la couleur dominante, vibrent d’autres atmosphères colorées. Et les signes gravés, laissés par le couteau, révèlent des tons autres, témoignant que l’oeuvre se construit en couches successives, de façon presque sédimentaire.
Avant notre regard, il y eut celui du peintre. Et son attente. Et les gestes qui les accompagnent, pour étendre la peinture, limon d’une complicité cyclique avec les bleus. Avec les blancs. Avec les noirs plus rarement. Ou les jaunes, les verts, les rouges. Peinture du flux et du reflux. Travail dans l’urgence exigeante de la matière et de son épaisseur. Signes chargés d’histoire, présence obsessionnelle de formes aux sens multiples où le carré est tout à la fois le format le plus souvent choisi, l’élément structurant l’oeuvre, et le motif récurent : carré magique de Dürer, carré chinois, croix. Présence aussi des mots, paroles prises à d’autres, inscrits dans la fraternité dynamique d’une peinture gravée comme une écorce. Au couteau, l’oeuvre s’inscrit. Et le regard s’aventure dans une vie qui palpite en surface et en profondeur. Jusqu’à nous étreindre.
L’esprit des lieux
L’exposition « Matière des mots » se compose au départ de 15 tableaux de Jean-Claude Glaziou et de 15 de mes poèmes.
À aucun moment il ne s’agit pour le peintre d’illustrer les textes, ni pour le poète de commenter les œuvres. C’est davantage un travail de mise en convergence, l’œuvre de chacun interrogeant l’autre. Petit à petit, des rencontres, des associations se sont imposées. Le peintre se faisant visiteur des textes, le poète devenant lecteur des tableaux, chacun a redécouvert son œuvre propre à la lumière de l’œuvre de l’autre, dégageant ainsi un univers commun.
L’état des lieux
L’exposition est mise à disposition pour une période de trois semaines environ moyennant un forfait à définir correspondant à la préparation de l’accrochage (choix des tableaux en fonction des lieux, conditionnement des tableaux pour le transport) et à l’accrochage des tableaux et des textes dans le lieu d’exposition. Par ailleurs, le demandeur prend en charge les frais d’assurance des oeuvres et les frais de déplacements du peintre pour l’accrochage, se charge de la publicité de l’exposition (affiche, vernissage), assure les œuvres, met en place le gardiennage si besoin. Le nombre et le format des tableaux peut varier en fonction de l’espace d’accueil.
« Matière des mots » a été présentée pour la première fois à la Bibliothèque Municipale d’Arnage (72) dans le cadre de « Puls’art » 2001 en mai. Elle a depuis été exposée à l’église Saint-Etienne de Beaugency pour le salon du livre de Jeunesse en mars 2002, au Palais des Congrès de Lorient en mai 2002, à la Chapelle du Saint-Esprit à Auray du 24 mai au 13 juillet 200,. au salon du livre de Fougères à l’automne 2002, à la Médiathèque de Melle au printemps 2004, à la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines pour le Printemps des Poètes 2005, à la Médiathèque de Tours au Printemps des Poètes 2009… |