La toile de l'un

Noël

Noël


Photo Flora Touzeil

Sapin de Noël

Cocons de joie
suspendus aux branches.

Lumières déroulées
dans le secret des cœurs,

là où se tissent
des mots de laine pour l’hiver…

Ô ! Joie, ne t’enfuis pas !
Souffle sur nos paumes
une buée d’amour

Béatrice Libert
Un arbre cogne à la vitre
© Pluie d’étoiles

 

Repas de fête

Dans la cuisine,
sur la table encombrée,
tu reconnais la dinde
qui faisait la belle en juillet.
Tu savoures des yeux
terrines et tourtes,
quiches et bûches,
meringues et soufflés.
Tu caresses l’orange et la pomme,
la noix et le marron,
leur écorce chaude encore de tout l’été.
Et tu maraudes, pour toi seul,
leurs secrets de joie, de jus, de miel.

Béatrice Libert
Un arbre cogne à la vitre
© Pluie d’étoiles

 

Le petit enfant

Noël est passé déjà
Et ce sapin
Qui t’attendait de toutes ses épines
Tu étais tout petit avec tes rêves
Auprès du sapin de tes quatre ans
Et moi j’étais bien plus petit que toi

J’attendais ton entrée
J’attendais ta venue
Comme un cadeau de Noël

Et le sapin est resté triste depuis
Si triste

Auprès du tout petit homme
Auprès de ce petit enfant
Plein de rides et de pleur

Guy Allix – Poèmes pour Robinson
© Soc & Foc, 2015

 

Petits enfants de par le monde je suis le grand méchant vent froid prenez vos arcs prenez vos frondes et gais semons le désarroi

Petits enfants de par le monde je me fais vieux écoutez-moi visages noirs frimousses blondes je suis le Noël de la joie

Petits enfants de par le monde je suis le grand méchant vent froid à vos canons et fort qu’ils grondent sur les monts et sur les bois

Petits enfants de par le monde qu’ils soient de rien qu’ils soient de roi je glisse partout à la ronde des rêves doux à votre endroit

Petits enfants de par le monde je suis le grand méchant vent froid ah que vermeil le sang abonde j’ai déjà préparé vos croix

Petits enfants qui m’attendez assis en rond aux cheminées si ce grand vent vous entendez
fermez-lui sec la porte au nez.

Arlette Chaurmorcel

 

A la cime du cèdre
se tisse un ciel corbeau
de la portée de plumes
qui s’écorchent au sapin
tombent des notes blanches
un trio d’oiseaux bleus
mésanges en guirlande
me solfège un Noël.

Eve Cazala

L’enfant lui a été donné
depuis la mémoire intemporelle des hommes
Elle a été traversée par l’enfant
comme par le poème
Maintenant il est là
Elle voudrait le garder pour elle
mais elle le montre
car il est donné pour tous
exposé au froid, à la nuit
et à la fragilité mortelle
La mère avec l’enfant
Elle a déjà un poignard au cœur
car elle lui promet la mort
Pour une autre vie
veut-elle croire

Nicole Laurent-Catrice

 

Non
je ne mettrai pas de clous à mon cou
ni de cravate atomique
Je ne porterai pas non plus
ma langue en papier journal
ni mon Walkman à bande FM
J’irai nu
sans téléphone et sans fil
fêter Noël chez les orques
Je croquerai le Nouvel An
tout cru sur la banquise.

Patrick Joquel

 

Un sapin de Haute Tinée
Rêvait d’un Noël tropical
Il découpa dans un journal
Une offre d’emploi en Guinée
Il fit aussitôt son bagage
Hélas son vol fut détourné
Il atterrit à Anchorage
Dommage.

Patrick Joquel

 

Le premier jour de l’an

Les sept jours frappent à la porte.
Chacun d’eux vous dit : lève-toi !
Soufflant le chaud, soufflant le froid,
Soufflant des temps de toute sorte
Quatre saisons et leur escorte
Se partagent les douze mois.
Au bout de l’an, le vieux portier
Ouvre toute grande la porte
Et d’une voix beaucoup plus forte
Crie à tout vent : premier janvier !

Pierre MenanteauŒuvres complètes
© Soc & Foc

Papa Noël sourit…
La hotte enfin vidée !
Près de toi que je ris…
Cadeau chaque journée !

© Cédric Landri

 

Le matin des étrennes

…/…

Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun , pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quel songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux,puis reparaître encore !
On s’éveillait matin, on se levait joyeux ,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux …
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher …
On entrait ! …puis alors les souhaits … en chemise,
Les baisers répétés, et la gaieté permise !

Arthur Rimbaud – Les étrennes des orphelins (extrait) in Poésies complètes

 

pile ou face
le temps passe
et le vent
de décembre
attend le nouvel an
pour souffler
sur la cendre
et lever
le camp
vers d’autres horizons
pile ou face
le temps passe.

Patrick Joquel

 

Vous trouverez d’autres poèmes et comptines liées à ces fêtes sur le site Le bonheur est dans le près.

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