Tant que faire ce peut…mieux vaut se perdre au bon endroit

Tant que faire ce peut…mieux vaut se perdre au bon endroit

Les nombres pères et les nombres mères
partent de zéro mais vont à l’infini……

Les croix
j’en croise
sur ma route
Les toits
me toisent
c’est la déroute
les voix
je ne les entends
ni ne les vois
À moissonner mon émoi
je n’ai plus de chez moi.

Tant que faire ce peut…
…. mieux vaut se perdre au bon endroit !

Luce Tardieu
Éditions Gros Textes
Collection Alpes Vagabondes, 2020
ISBN : 978-2-35082-453-6
9,00 €

Luce Tardieu s’amuse avec tous les jeux de mots qui s’offrent à elle. Contrepèteries (« J’ aime le son du corps le boire au fond des soirs »), néologismes (« Le pays du Coca/et celui de Cocagne/font la même utopire  »), aphorismes approximatifs («  Mieux vaut/passer son permis d’éconduire/ que réussir un mariage raté ») se succèdent joyeusement. Parfois on peut regretter certaines facilités.

Les mots glissent (« Pas sage/Passages/Passe âge/Pas sages“), laissent place au silence (« je n’ai rien à déclarer sur cette page  »), jouent avec leurs sonorités (« Léa a / Yves veut / Georgette jette / Vincent sent..“.) ou avec les lettres de l’alphabet (« Départ Deux moi zèle/Euh…/Fée minisme …ah bon ?/ G pas tout compris/H Ève moi et Adam avec  ») pour former une malicieuse fantaisie.

Luce Tardieu aspire à la légèreté, à fuir la gravité («  La gravité nous façonne/et me bétonne/au chemin  ») et à quitter l’esprit de sérieux. Vers la fin de l’ouvrage, son masque de clown se craquèle et la fantaisie laisse place à la tendresse.

Michel Foucault

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