La toile de l'un

Yann Blouin

Yann Blouin

Des visages

Des visages ouverts sur lesquels je déverse mes peines me livrant des secrets que je me tue à retranscrire.

Des visages fermés, les attitudes craintives se plaignant de mes pleins et déliés, referment sur eux tout l’univers dont ils disposent, suivis de rires et de conversations, papillonnent les intentions.

Voltigent les regards crispés nous tendant les mains.

Alors que surgissent les arrêts, notre contrôleur transgresse tous les couloirs d’un passage en courant d’air.

Chuchotent les éveillés des premières heures ruisselant de paroles inutiles mais ô combien concrètes.

 

L’œil

L’œil qui s’envole n’a pas besoin d’effort pour transpercer la grande parade de l’invisibilité.

Dès les premières lueurs du matin, il chantonne, papillonne
Là où il peut, là où il veut.

Ricochant d’une personne à l’autre il poursuit son chemin vagabond au gré des observations.

Infligeant aux passant son doux mépris flanqué d’acide et de poivre, il ne laisse aucune trace dans son sillon.

Tourbillon de sens mêlant amour et mépris au dessus des têtes baissées.

Baissées  par leur soumission.

Baissées par la résignation.

Baissées par les peurs que l’on planque.

L’œil qui s’envole n’a besoin de rien.

 

L’excursion

Plongeant dans les eaux troubles de cette nuit en feux, s’installent les peurs les plus sombres.

On entend sous le lit embué de sommeil l’épileptique gestuelle de l’irrationnel.

Avortent les doux sentiments de repos, commence l’interminable course contre soi-même.

Le long du tunnel argenté se faufile la porte de secours me narguant du haut de son agilité.

” Rien ne sert de courir ” me chuchote à l’oreille la sèche fontaine assoiffée de flammes nocturnes, son puits brûle de mille eaux avec lesquelles veulent se défier les vagues du moment.

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