Et le ciel m’est rendu

Et le ciel m’est rendu

 

 

Paroles pour toujours

Je dis à ces moutons qui marchent dans le ciel
Montrez-moi la merveilleuse bergerie
Conduisez-moi vers ce toit tissé d’ailes
Vers cette fontaine chantante
Et donnez-moi votre pouvoir
C’est du plus haut sommet de l’arbre
C’est du plus haut sommet de mon âme
Que je veux parler enfin
Que mon amour descende sur la terre
Comme une averse bienfaisante
Comme un peuple d’étourneaux
Non pour piller les vignes
Mais pour en extraire l’alcool
C’est de la première marche de ton front
Ô mon admirable fiancée
Que je veux dominer ma vie
C’est à travers toi que je veux saisir
La grande l’impérissable lumière
Celle qui doit me prolonger
Bien au-delà de mes mains
Celle qui doit me faire ressemblant
À ce portrait de naguère
À ce portrait de toujours
Où l’avantage reste à mes yeux
Ce portrait de l’enfant docile.

10 octobre 1944

 

Et le ciel m’est rendu
René Guy Cadou
Collection « Soleil noir »
Éditions Bruno Doucey, 2022
978-2-36229-405-1
14,00 €

En 1976, les éditions Seghers publiaient « Poésie, la vie entière », rassemblant les œuvres poétiques complètes de René Guy Cadou. (Cet ouvrage est disponible au Promenoir de Poésie.) Aujourd’hui, les éditions Bruno Doucey nous proposent « Et le ciel m’est rendu », rassemblant une quarantaine d’inédits de l’auteur. On y retrouve ce qui a fait de Cadou un des grands poètes du XXème siècle :
♦ la déclaration permanente à l’être aimée : « Tu es le lierre de mon corps »
♦ le dialogue, libre, avec Dieu : « Mon Dieu à moi / A besoin que je lui parle »
le souvenir de l’enfance : « Il avait navigué tout au long des enfances »
cette attention portée aux amis, aux autres : « cette magnifique adhésion / De tout vous-même / À tout nous-Autres »
♦ le rapport privilégié avec la nature : « Pourquoi tairais-je mon amour pour la campagne ? »
Quand on lit René Guy Cadou, on se sent protégé, baigné de sérénité et d’amour, souriant à la mémoire du passé et attentif au présent qui nous entoure. « Que mon amour descende sur la terre / Comme une averse bienfaisante ».
Quand on lit René Guy Cadou, « on ne peut plus douter de la lumière ».

Robert Froger

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