Les usines

Les usines

il ne fait pas toujours nuit sur les usines
quand le jour fade éteint l’artifice des éclairages
un autre monde se dessine qui dans l’obscurité s’ignorait
dans des espaces vides serpentent des tuyaux tordus à angle droit
froids à l’œil comme des veines de leur sang vidées
si la vie pulse dans ce paysage de bouts de métal
elle a la froideur d’une carcasse sur le sol jetée
ce n’était que ça le support de nos rêves sous le ciel étoilé
des mystères qui s’effacent dans la rouille et l’acier
les lèvres aussi qu’on aime une nuit entière
au réveil peut-être ne sont plus que chair anonyme

Les usines
Georges Oucif
Illustration de couverture : Ameneh Moayedi
Polder 191, 2021
978-2-35082-496-3
6,00 €

Dans le recueil « Les usines » de Georges Oucif, il n’y a que l’illustration de couverture (de Ameneh Moayedi) qui soit très colorée (de façon inquiétante d’ailleurs). Le texte, lui, évolue dans le noir, le gris, la crasse pour décrire ces usines « formes sombres qui dans la brume déchirée dressent leur inquiétude ».
L’auteur les décrit, utilisant un vocabulaire anthropomorphique qui ajoute à l’atmosphère angoissante. Face à ces monstres, l’homme est minuscule, insignifiant, perdu : « des hommes s’y consument et leurs mains rougeoient ».
C’est la description d’un monde de machines, déshumanisé, où la nature, aussi, meurt « ce n’est qu’une lande où l’arbre ne peut lutter / flore anorexique il n’a rien à ses branches ». L’ensemble est pris dans un univers de brume carcérale.

Robert Froger

Formulaire de contact