Difficile d’empêcher la musique d’entrer.    Faire silence    enfin    en soi. Difficile de tuer les souvenirs qui font signe en rangs serrés de museler les vieilles hontes les rumeurs qui s’agitent.    Faire silence    mais la vie    l’océan demeurent des clameurs magiques.

L’océan te l’apprendra
Guénane
Rougerie, 2005
ISBN 2-85668-110-7
13,00 €

Dès les premiers poèmes, Guénane invite le « Liseur » à se glisser entre les mots du poème, « ils saignent à blanc sur la page ». Il y a souvent une fêlure, une cassure sous-entendue mais perceptible. L’occasion peut-être de faire d’« océanique(s) confession(s), d’avoir un « pacte secret avec la mer » même si difficiles sont les « chemins de l’infini sans balise ». Un océan qui est craint mais qui peut aussi être salvateur : « sur l’océan se confessent / d’étranges forces. / Apprendre leurs langues / pour se comprendre soi-même. » et nous amener à faire corps avec lui pour ressentir « la respiration de nos propres marées ». Mais attention à sa violence. La mer ? La vie ? Nous ne laisserons que des « sillages risibles ». À la fin, c’est le silence qui gagne. « Sur mer / même le silence change de couleur ».

Robert Froger