Hiver
Les arbres se sont dépouillés
De leurs feuilles d’automne
Comme eux j’ai vu tomber
Les uns après les autres, les amis que j’aimais
Les unes après les autres, les idées que je défendais
Puis un par un, mes vêtements de comédien
Et je me retrouve seul et nu
Nu, devant un ciel de neige qui m’aveugle
Nu, sous le souffle glacial de l’hiver qui me cingle
Nu, face à ma mère, la terre, qui me réclame.
Jyssé
J’écris et les autres suivront
Je me dispose enfin à vivre
Je supporte l’œuvre commune
Collective
Je préfère de loin les prières écrites aux prières orales…
Je n’instruis rien
Je n’enseigne pas
Je délègue aux anges supérieurs le soin de voler à mon secours !
De s’élancer à ma place et ce jusqu’au déploiement vaporeux du poème
Il s’est éteint mon grand talent !
Oui
S’en est allé mon instinct de prédation
Mon esprit nuisible…
C’est l’heure de mon ombre
Tout l’orchestre terrien est là à m’applaudir !
À m’acclamer moi seul et mes mots vainqueurs !
Ce qui est important ce n’est pas le temps qui passe mais le temps qui change…
Le temps qui change
Stéphane Casenobe

Florilège
Revue trimestrielle de création littéraire et artistique
Numéro 198, mars 2025
Les Poètes de l’Amitié – Poètes sans frontières
ISSN 01840444
12,00 €
Revue trimestrielle de création littéraire et artistique proposant des textes de nombreux auteurs, des chroniques, critiques, notes de lecture… sans oublier de faire référence à d’autres revues de poésie.
Pour ce numéro 198, près d’une centaine d’auteurs ont vu leurs textes retenus par le comité de lecture. Les première et quatrième pages de couverture, ainsi que les pages centrales sont illustrées par Andrée Bars, artiste plasticienne, admiratrice de la peinture du XIXème siècle et ayant créé son propre univers.
L’on trouve aussi, sur 2 pages, un hommage au poète argentin Juan Gelman (1930-2014) ayant eu à souffrir, comme tant d’autres, de la dictature en Argentine. À noter aussi, parmi de nombreuses notes, dans la rubrique « Poètes sans frontières », la présentation de Jaroslav Seifert (1901-1986), poète tchécoslovaque, Prix Nobel de littérature en 1984, dont on peut retenir cette formule : « Que jaillisse la flamme des mots, brûlante, tant pis si je m’y brûle les doigts ! » .
Robert Froger