Pour vous accompagner en 2024,
un poème d'Alain Boudet mis en ligne chaque semaine
Semaine 49
Signe
Le phare
au bout du quai
Au loin
peut-être
la lumière est message.
Comme le ciel dans la mer – Éditions Corps Puce – 1990
Semaine 48
Je ne sais pas d’où je vous parle
ni même si c’est moi qui parle
au hasard des silence gagnés
sur l’embellie d’un paysage
J’écris
Pour tout ce qui s’efface
Pour le vent la nuit le sourire
pour la pluie la joie le chagrin
pour l’écueil à franchir demain
J’écris
Et ce qui se passe dans les mots
me renouvelle.
Dépaysés – Éditions SOC & FOC – 2016
Semaine 47
Adiza et Hauwa
Elle s’appelle Adiza
ou peut-être Auwa
elle s’appelle autrement que toi
elle s’appelle autrement que moi
Elle allait à l’école
ravie de l’air sur ses cheveux
forte des sourires échangés
dans la magie des mots des livres
Elle s’appelle Adiza
ou peut-être Auwa
qui donc le sait ?
Elle a huit ans
Elle les avait
Des mains adultes
et sans courage
lui ont offert une ceinture
Auwa peut-être ?
La vie l’écrase
C’était une enfant
kamikaze.
Quelques-un(e)s – Éditions Henry – 2020
Semaine 46
Pour toi
un caillou à tout à dire
tout à faire
Il t’accompagne dans la marche
Il dépose en toi son silence
et tu sais si bien l’écouter
C’est dans l’intensité
que tu es le plus sage
Nathan
Le conseiller
Suite pour Nathan – Éditions Corps Puce – 2006
Semaine 45
J’ai
posée sur l’épaule
une tristesse à partager
Rien n’est plus simple désormais
Rien n’est plus simple comme avant
que l’incendie n’arrive
que le désert s’installe
J’ai oublié – je crois-
l’ardeur d’un simple rire
et ma gorge est brulée
par les flammes du cri qu’il faudrait libérer
Ce jour
j’habite une douleur
aux milles portes entrouvertes
Et je ne sais par où sortir
si l’on m’appelle
Sur le rivage – Éditions Echo Optique – 1996
Semaine 44
Etre absent
Même là
Même là
Etre seul
Absent
Là
Même.
Quelques mots pour la solitude – Éditions l’épi de seigle – 1996
Semaine 43
Poème
du poisson fumeur incognito
Chez la poissonnière,
odeur de la mer,
on peut voir briller
des poissons fumés.
Dans l’auberge à Pierre,
cuisinier mystère,
grillent sur le feu
des poissons fameux.
Et sur la rivière
la brume en colère
dénonce au pêcheur
le poisson fumeur !
Poèmes pour sourigoler – Éditions Blanc Silex – 1999
Semaine 42
Parfois
nous pensons être la lumière du monde
Il nous faudrait
alors
voir briller sous nos pas
le mica sans fin des jours millénaires
Et vivre simplement
comme des étincelles
pour l’instant.
Sur le rivage – Éditions Echo Optique – 1996
Semaine 41
Que se lever ne soit plus signe de départ
Que s’éloigner ne soit plus au seuil de l’absence
Que disparaître ne soit plus marque de la mort
Mais
Trouver une place à l’espoir
Faire de l’amour un combat
Donner un sens aux mains tendues
Changer les signes de l’accueil.
Rêve de la main- Éditions- Donner à Voir – 2011
Semaine 40
Le bistrot a son dictionnaire
de mots chantants et colorés
pour un voyage
« ballon » et « monaco »
« fillette » et « galopin »
« perroquet » et « diabolo »
Et dans la magie des flacons
ce sentiment de boire
des reflets.
Bistrots – Éditions Donner à Voir – 2019
Semaine 39
Le mal est là
pour que je le rejette
Et le poème
pour que je l’accompagne
Que j’accepte
son compagnonnage
Petites bricoles sans protocole – 2020
Semaine 38
Quelques mots pour la soif
Quelques mots pour la faim
Quelques mots pour le rêve
A
chaque
jour
son
poème
Le rire des cascades – Éditions MØtus – 2001
Semaine 37
Marche droite des femmes
au bord du chemin
La charge colorée
qui couronne leur tête
les fait belles.
(de Zagora à Ouarzazate)
Elles ont
tout à la fois
le pas grave et léger
Et je sens
à les voir
que sur leur tête
c’est le monde qu’elles portent.
(de Zagora à Ouarzazate)
Bribes du Sud- Éditions l’épi de seigle – 2003
Semaine 36
Vivre
Vivre n’est pas durer
Vivre n’est pas durer seulement
Attendre un jour de plus
attendre un autre instant
Nous l’oublions parfois
nous que fuit le silence
Nous cherchons des repères où vibrerait la vie
Nous tissons l’immédiat avec les souvenirs
Nous colmatons en nous les brèches du désir
avec des pans d’aurore et des murs de feuillages
Mais ce qui manque
en fin
c’est un peu de lumière
Un simple instant d’amour
battant au cœur du jour.
Au cœur, le poème – Éditions La Vague à L’Âme – 1995
Semaine 35
Il y eu un bruit
soudain
comme la mort
Et puis
plus rien
Plus rien qu’un vide immense
que son regard
ni
sa parole
ne pouvait combler
Alors
à défaut d’autre mot
il nomma
SILENCE
cette absence
de bruits nécessaires.
Anne-Laure à fleur d’enfance – Éditions Donner à Voir – 1994
Semaine 34
La tulipe
La tulipe
fait la lippe
Elle plie au soleil
Tout doucement
tout simplement
avec le temps
la tulipe pâlit
jusqu’au silence des couleurs.
Au Jardin d’Hélène – Éditions Corps-Puce – 1992
Semaine 33
L’ENFANT
L’enfant tendre de rosée
nous vient
dans le matin des feuilles
Il est de joie
et de soleil
Il est d’étoile
et de lumière
Il porte en lui les paysages
aux contours
fins du sourire
que nos mains ont dessiné
sur les lèvres des journées
L’enfant vient comme un matin
et le monde est à venir.
Des mots pour vivre -Éditions Corps puce – 1991
Semaine 32
L’alouette
D’où vient ce chant de lumière
qui te séduit quand tu marches ?
Tu le cherches autour de toi
dans les arbres qui sommeillent
dans la chaleur attendrie
par le vent qui s’effarouche
et tu ne le trouves pas
C’est que l’oiseau qui l’entonne
habite le bleu du ciel
Lève donc un peu la tête
Elle est là-haut
l’alouette
qui veut ravir le soleil.
La volière de Marion – Éditions Corps puce – 1989
Semaine 31
Vivre
dit la mer
le temps d’un matin
Briller
dit la rose
le temps d’une vague
et d’une autre encore
et jusqu’au reflux
Croire
dit la mer
que chaque matin
est comme un réveil
Chanter
dit la rose
comme une aube éclose
au milieu des brumes
où le flux dépose
la vague et l’écume
Mots de saison – Éditions Magnard – 1983
Semaine 30
ENSEMBLE
Homme
Femme
Parole attendue dans la nuit
une lumière arrive au jour
Au creux de nos mains éblouies
nous retenons la transparence
d’un mot que l’eau nous a donné
Aimer
Compagnons des voyages
et compagnes des grands matins
sur les chemins blancs de silence
Aimer
Est un mot qu’il faut vivre.
Des mots pour vivre – Éditions Corps puce – 1991
Semaine 29
La nuit allume en nous
des envies de lumières
Les éclats de couleur
que nous laisse le jour
nous les gardons au chaud
dans le fourreau de l’ombre
à l’abri des paupières
Le jour est consumé
Ce qui reste est infime
un sourire
un regard
un geste de la main
Nous gardons ces éclats
pour que brillent
un peu plus
nos désirs d’étincelles
Quelques mots pour la solitude – Éditions l’épi de seigle – 1996
Semaine 28
C’est l’aventure de la sève
C’est le tronc qui se noue au vent
comme une souffrance de vivre
C’est l’écorce comme une plaie
qui s’écartèle au petit jour
C’est un long cri désespéré
dans la dentelle d’une feuille
C’est le hêtre
l’arbre à pleurs
qui nous donne le poids des choses.
L’arbre à mots suivi de marines – Éditions Donner à Voir – 1984
Semaine 27
Il y a eut un bruit
soudain
comme la mort
Et puis
plus rien
Plus rien qu’un vide immense
que son regard
ni
sa parole
ne pouvait combler
Alors
à défaut d’autre mot
il nomma
SILENCE
cette absence
de bruits nécessaires.
Les mots du paysage – Éditions Echo Optique – 1991, réédition Donner à Voir – 1997
Semaine 26
Poème
Pour trouver des champignons
Petite girolle
où te caches-tu ?
Sous la mousse
ou sous les feuilles ?
Petite girolette
saute vite dans ma poëlette
pour que je fasse une omelette.
Poèmes pour sautijouer – Chanson poésie Orne – 1993, réédition aux éditions des Carnets du dessert de lune -2010
Semaine 25
S’inquiéter pour l’autre
dont on n’a pas le corps
Marché du même pas
si l’on peut
Être conjoint
compagne ou compagnon
d’une vie en partage
Elles Eux
que l’on oublie parfois
Pourtant
c’est par eux que tout tient.
Petites bricoles sans protocole – 2020
Semaine 24
Lui
si peu indifférent
attaché à son crayon
– le choc –
la mine si fragile
et qui attend six heures
que l’agent de sécurité
l’invite à pousser dehors sa misère
– le choc –
et qui s’en va
emportant avec luis son silence
– à fond la forme –
Roissy – Éditions Donner à Voir – 2015
Semaine 23
Aimer
Aimé
être aimé
Aimer comme une plaie cherchant la cicatrice
Aimer comme on s’endort en oubliant ses peurs
De douceur à douleur seule une lettre change
Espace de deux corps limités par les yeux
le désir se mesure au mètre de l’absence
Etre aimé
Comme un jour a ouvert les yeux
Etre aimé comme un corps offert qui se découvre
De douleur à couleur seule une lettre change
Espace inhabité rejoignant le soleil
La voix tant espérée prolonge la confiance.
Anne-Laure à fleur d’enfance – Éditions Donner à Voir – 1994
Semaine 22
Vu d’ici
on comprend
finalement
que l’on peut
voir plus loin
Que les limites du corps
sont étonnamment
extensibles
Que vivre
c’est prendre sa place
Celle-là même
que l’on n’attendait
plus…
Vu d’ici – 2021
Semaine 21
Luis
Des voitures
un feu rouge
Debout à la portière
Luis dépose un sourire
aussi clair qu’un printemps
C’est en vendeur des rues
qui ne vend pas les rues
mais tout ce que contient le sac sur son épaule
Il a les deux mains prises
Des lunettes bleues dans la main gauche
des lunettes blanches dans la main droite
Des bricoles de pacotille
pour un clin d’œil
pour un regard
pour qu’un instant nos yeux s’accrochent aux siens
à son sourire
à son attente
Lui prendra-t-on les bleues
ou voudra-t-on les blanches ?
Réfléchir
mais pas trop
si l’on veut qu’à l’instant où le feu sera vert
il ait les deux mains libres
et offre son sourire…
Quelques-un(e)s – Éditions Henry – 2020
Semaine 20
Le sable triste
du départ
de la mer
creuse ses rides en son absence
Reflux des mots
dans nos têtes
et de l’eau
dans nos yeux
Flux et reflux
dans le silence
des étoiles
Image et bruit
ruissellement
grande marée
de nos mémoires.
Mots de la mer et des étoiles – Éditions A cœur joie – 1985
Semaine 19
L’enfant-fleur sera bien le nôtre
Ce sera celui de nos yeux
De nos mains
Ce sera l’enfant de souffrance
L’enfant de bonheur
Et il ne sera pas celui de nos yeux blancs
A toutes les paroles que tu dis
Ou que tu chantes
Mes mains s’élèvent ou se taisent
Il y a toujours un soleil
Et la chaleur
Celle du monde
Celle des enfants de lumière
Sur tous les chemins des yeux
Et sur les astres des nuits claires
Ecrivent
Disent leur délivrance et la prunelle du regard
A partir des châles d’hiver
Autour de ce baiser
Enfance
Un large soupir d’étincelles
Cerne ses yeux et les étrangle.
rêve de soleil – L’épi est fils du grain de sable – 1972
Semaine 18
La mésange bleue
Dans la fièvre douce
d’un matin printemps
le saule pleureur
peigne ses ramilles
où le vent a mis
une folie blonde
d’ombre et de lumière
C’est qu’il faut bien
remettre un peu d’ordre
dans ses branches folles
pour être coquet
Reviendra bientôt
la mésange bleue
qui sait chaque année
lui chanter le monde.
La volière de Marion – Éditions Corps puce – 1989
Semaine 17
Il y eu un bruit
soudain
comme la mort
Et puis
plus rien
Plus rien qu’un vide immense
que son regard
ni
sa parole
ne pouvait combler
Alors
à défaut d’autre mot
il nomma
SILENCE
cette absence
de bruits nécessaires.
Anne-Laure à fleur d’enfance – Éditions Donner à Voir – 1994
Semaine 16
L’alouette
D’où vient ce chant de lumière
qui te séduit quand tu marches ?
Tu le cherches autour de toi
dans les arbres qui sommeillent
dans la chaleur attendrie
par le vent qui s’effarouche
et tu ne le trouves pas
C’est que l’oiseau qui l’entonne
habite le bleu du ciel
Lève donc un peu la tête
Elle est là-haut
l’alouette
qui veut ravir le soleil.
La volière de Marion – Éditions Corps puce – 1989
Semaine 15
Au clair de lune
le regard brille
comme un éclair qui se fendille
Au clair des yeux
la lune a pris
la couleur tendre d’un souci
De ciel de pluie en soleil d’or
et de nuit noire en lune rousse
nos yeux pareils à des trésors
font pour les mots des lits de mousse.
Mots de saison – Éditions Magnard – 1983
Semaine 14
Que dire
que je n’aie déjà dit ?
Quel mot qui ne l’a pas été ?
Quelle ombre donner à l’instant
où tu viens poser parmi nous
ton cri naïf
et ton silence ?
Ta présence nous interroge
Et c’est peut-être cela qu’il faut :
Attendre Ecouter Être là.
Pleine lune et bout de soi – Éditions Corps puce – 2010
Semaine 13
Dans l’air
tremblant comme une flame
est-ce la fleur
ou le regard
qui délimite les couleurs ?
Est-ce la fleur multipliée
ou le regard qui la possède ?
Contraste d’ombre
et de lumière
Chaque instant délie
pour nos yeux
une gerbe aux grains de soleil.
Au Jardin d’Hélène – Éditions Corps-Puce – 1992
Semaine 12
Et je vois vos visages
vos silences peuplés
où ma voix semait des images
dans les eaux des regards
Vos yeux comme une fête
où brillaient les paroles
de livres à écrire
Et je vois vos sourires
sur la buée des poèmes
comme des vies croisées
au hasard de la route
Et je sais qu’il suffit
qu’un mot nous accompagne
pour qu’on ne soit pas seul.
Dépaysés – Éditions SOC & FOC – 2016
Semaine 11
Il y a des rencontres
qui éclipsent les matins d’ivoire
Des amitiés se lèvent
se tissent
sur la trame de la lumière
Alors
l’avenir est un espace unique et libre
comme le ciel
dans la mer.
Comme le ciel dans la mer – Editions Corps Puce – 1990
Semaine 10
L’escargot
Il a laissé sur le mur
l’argent des mots qu’il n’a pas dits
Chemin lumineux de silence
où l’on espère un peu
retrouver son enfance
Tu sais qui a posé
cette trace patiente
au message inconnu
Mais tu ne sais pas lire
et son auteur est muet
Pourtant
il peut sourire
l’escargot si discret
Certains prétendent même
que dans son alphabet
il conte des salades…
Cherchez la petite bête – Éditions Rue du Monde – 2018
Semaine 9
Peindre
Ecrire
Comme on marche
au rythme des pas
et des pinsons
Avec le chant des graviers sous nos pas
– jamais le même –
reprisant la démarche décousue
de nos souffles
S’aventurer dans la matière
des mots
comme au pays des odeurs
Inventer un silence
où donner forme
à la petite musique des mains.
Ici, là – Éditions Froissart – 2000
Semaine 8
Poème
des petits mots à dire
Dis-moi un petit mot
un petit mot bougeotte
un petit mot-bylette
pour faire la fête !
Dis-moi un petit mot
un petit mot-dulé
un petit mot tout doux
qui se dit dans le cou !
Dis-moi un petit mot
un p’tit morceau de mot
un petit mot cassé
je vais le réparer !
Dis-moi des mots
Toujours…
j’en f’rai des mots d’amour !
Poèmes pour sautijouer – Chanson poésie Orne – 1993, réédition aux éditions des Carnets du dessert de lune -2010
Semaine 7
Vu d’ici
on comprend
finalement
que l’on peut
voir plus loin
Que les limites du corps
sont étonnamment
extensibles
Que vivre
c’est prendre sa place
Celle-là même
que l’on n’attendait
plus…
Vu d’ici – 2021
Semaine 6
Parfois
nous pensons être la lumière du monde
Il nous faudrait
alors
voir briller sous nos pas
le mica sans fin des jours millénaires
Et vivre simplement
comme des étincelles
pour l’instant.
Sur le rivage – Éditions Echo Optique – 1996
Semaine 5
Ce que dit le poème
Le poème parle
de ce que nous croyons savoir
avec des mots qui nous étonnent
Avec des mots qui nous surprennent
qui nous ravissent
ou nous déchirent
Il apprivoise chaque bruit
et nous découvrons tout soudain
que le silence est habitable
Le poème décape nos yeux
il libère nos mains
pour un voyage d’aveugle à l’heure du miracle
Nous avançons parmi les mots
parmi la musique des signes
Nous n’en revenons pas alors
D’être voyants
Et nus.
Au cœur, le poème – Éditions La Vague à L’Âme – 1995
Semaine 4
Ce que dit la feuille
c’est qu’il est temps de regarder
plus loin que nous
Qu’il est temps d’embarquer
pour ici
ce pays derrière nos yeux
De lancer nos vies
sur la mer des mots et du vent
et qu’il nous faut combler en nous
le vide trépidant
des journées à quartz
Quand nous disons :
« tout va trop vite » c’est que
vivre n’est plus à la mesure
de vivre
Il nous faut poser
et puis nous re
poser
un peu comme un galet poli
par le ruisseau
Il nous faut glisser sous nos paupières
l’ombre verte et bleue des feuillages fervents
qui
dans nos regards
nous précède.
Les mots du paysage – Éditions Echo Optique – 1991, réédition Donner à Voir – 1997
Semaine 3
SOUVENIRS
Il est difficile
d’égrener les souvenirs
Quelque part
Ils sont toujours tissés
avec les fibres du cœur
tassés dans les filets
de la mémoire
Nous craignons de remuer
le tamis des jours
de peur de déchirer
quelque chose
d’irremplaçable.
Des mots pour vivre – Éditions Corps puce – 1991
Semaine 2
Je ne sais pas si le rouge a un cri
Ni si le noir des rêves
a pouvoir d’étincelles
Ni si vivre peut-être
entre silence et feu
Je sais qu’il y a des clairs
qui durent longtemps
jusqu’à trop tard
et puis ces mots de Paul Éluard :
Comme un dialogue d’amoureux
Le cœur n’a qu’une seule bouche.
Carrés de l’hypothalamus – Éditions Donner à Voir – 1999
Semaine 1
Je ne vous souhaite pas de bouteille à moitié vide.
Elles ont l’odeur et le goût des regrets.
Celui d’avoir été pleine et de ne l’être plus.
Celui de n’avoir plus qu’une moitié à offrir.
Celui d’être vide bientôt.
Je vous souhaite des bouteilles à moitié pleine, toujours.
Parce qu’elles ont déjà été lieux de partage.
Parce qu’il en reste et qu’il en restera toujours à offrir.
Je vous souhaite d’être
Des gouttes d’eau pour l’océan
Des colibris pour notre monde
Des reflets
Et parfois des éclats de lumière