S’il ne reste qu’un arbre
Qui tient tête aux oiseaux
Aux bûcherons
A la terre entière
S’il ne reste qu’un arbre
Et si sa graine parle encore
Alors, prends la graine
Car c’est bien dans le désert
Qu’on fait naître l’espoir.
Michel Lautru
(inédit)
|
|
L’enfant pense à son futur métier
Sera-t-il pêcheur
Ou cerisier en fleurs ?
***
Le saule dans la tempête
Ni tronc, ni branche, ni feuille
Juste le mouvement
***
Ombre du mûrier
Grignotée par l’ombre des chenilles
À chaque bouchée, un peu plus de lumière
Thierry Cazals
Le rire des lucioles
(Opale éditions)
|
|
Témoin
Sont-ils encore vivants
Jean-Baptiste et Marie
Qui gravèrent leurs noms
Sur le tronc du vieux hêtre ?
Sont-ils encore vivants
Et s’aiment-ils encore
Jean-Baptiste et Marie
Marie et Jean-Baptiste
Qui gravèrent leurs noms
À l’intérieur d’un cœur
Sur le tronc du vieux hêtre ?
Et s’aiment-ils encore
Marie et Jean-Baptiste
À l’intérieur d’un cœur ?
Jean-Claude Touzeil
Peuples d’arbres (Donner à Voir)
|
|
se prépare une nuit
au seuil de la maison
comme au pied d’un totem
parfumée de sueur
l’ivresse sera fine
les paroles légères
résonnent en éclats
dans ce cercle d’amitié
qu’enracine le tilleul
Henri Chevignard
|
|
Coupé à ras de terre
le tronc exhibe
ses années mortes
naguère closes en rond dans son écorce.
Cercles
de bourgeons, feuilles , saisons passées.
Notre doigt sur la souche
décompte l’âge
maintenant accompli
comme une île
pourtant une vigueur interne
pousse des rejets, pleure des résines
autour du moignon.
Une genèse
d’après massacre.
Au secret
de nos coeurs, de nos nuits
poussent aussi les disparus de nos carnets d’adresses
les villes tuées par les bombes.
Marie-Claire Bancquart
|
|
Dans mon jardin, tous les ans, le cerisier donne des poires. Heureusement, elles sont rouges et parfois attachées par deux au même pédoncule. Ainsi mes invités n’y voient-ils que du feu quand je leur sers un clafoutis selon la recette de ma grand-mère.
***
Toutes les feuilles des arbres étaient tombées, sauf une.
L’hiver jamais ne commença et l’on put profiter d’un long printemps précoce.
Jacques Fournier
|
|
Il naît peut-être un arbre sous l’herbe froissée par ton pas. Il te suffit d’un déplacement.
Il te suffit de lever les yeux pour articuler les ombres où il s’invente, ériger sa présence dans les claires ramures d’un nuage.
***
Au début de l’arbre, la goutte d’une graine. Dans l’océan des feuilles, le mouvement des marées.
Quelle lumière secrète, dans les voiles des saisons, dresse la sève comme un mât, pour nous mener vers des rivages fruités où vivre garde un goût de sel ?
Philippe Mathy
|
|
Le grand chêne près du garage,
que le vent flagelle l’hiver,
qui lui concède quelques branches
comme un tribut, mais qui survit,
le grand chêne parfois te parle
quand tu flattes son tronc rugueux,
mêlant un temps vos solitudes.
Tu peux alors rejoindre ceux
qui partagent ta vie.
Il y aura encore un jour,
encore un rêve de présence.
Claude Cailleau
|
|
Racines
Dans la montagne j’ai observé
Des arbres têtus et obstinés
Sur les cailloux et les rochers
Leurs racines rampent à découvert
À la recherche d’un peu de terre
Pour s’alimenter.
Je me sens comme ces racines.
Comme elles, je cherche, en ville,
À travers les clameurs et les bruits,
Entre les réclames et les cris
Un petit coin de silence
Pour nourrir mon âme.
Cécile Gagnon
|
|
Feuille à feuille
Tâtonnant
Infiniment assoiffé
L’arbre creux sait
Pourtant
Et calcule
Jour après jour
Sans même y songer
Le meilleur des mondes
Possibles face au soleil.
Emmanuel Hiriart
|
|
Ne dis pas l’arbre
Fais-le
Si tu peux
Sans renoncer
À respirer
En marchant
En jouant
À cloche-nuit
N’oublie pas
Entre l’arbre et ses rêves
Dans la simplicité végétale
Il n’y a rien.
Emmanuel Hiriart
|
|
Musique du feuillage
Mandolines des peupliers
Douce musique du canal
A qui donnez-vous ce concert ?
Les violons des châtaigniers
Reprennent le refrain de l’air.
Soufflent les elfes du zéphyr
La terre accorde ses feuillages.
Mandolines et violons
Harpe vibrante des vergers
Versent du vert dessus le monde.
Christine Guénanten
Au clair-obscur de l’aube
|
|
Noyer
– Il existe encore des hommes
c’est ennuyeux pour la planète
dit le vent
– Mais non ça ne fait rien
dit la noix
Nous saurons bien
faire place nette
Patrick Joquel |
|
Un cerisier
Dans ce jardin, tu ne cesses de contempler un cerisier.
Tu guettes le moindre frémissement, le vert qui germe lentement, les fleurs enfin qui signent leur présence en blanc.
C’est cela l’éternité, dis-tu, et tu crois aussi comprendre que, bientôt, à cette incandescence le printemps mettra un terme.
Max Alhau
|