Les souvenirs, quoi qu’on ait vécu, ça ne se jette pas comme ça. On les met soigneusement dans un petit carton, quelque part dans un coin du cœur. Au début, on ne l’ouvre pas, le carton à souvenirs : il s’ouvre tout seul au moindre prétexte. Et puis, le temps passe, le carton est dans un coin. On sait qu’il est là mais il prend un peu moins de place. On ne l’oublie pas mais, quand on fait la poussière, on libère de l’espace pour mettre un peu de présent.
Des étoiles dans la gorge
Flora Delalande
Lignes d’horizon, 2020
ISBN 978-2-9562605-3-0
12,00 €
La petite musique des mots et des images de Flora Delalande nous conte poétiquement des destins de solitude dont la gorge se serre et « refuse de laisser passer les mots dans un sens, les sanglots dans l’autre« . Des hommes, des femmes dont la vie se lit « dans leur chair » mais aussi dans des éléments de la vie quotidienne, simple et banale, que ce soit chez eux, à leur travail ou dans la rue.
« Lorsque la vie ressemble à un grand foutoir, c’est qu’il y a de jolis miracles qui se préparent« . Il faut protéger l’attente, l’espoir pour que ces « étoiles dans la gorge » ne soient pas la lumière des étoiles mortes ou celle d’une petite fille aux allumettes mais une manière de « répandre toute cette lumière par seaux entiers » parce que « la vie, si elle attend la deuxième sonnerie du réveil, elle meurt« .
Robert Froger