Ma libraire m’avait donné, il y a quelques années, une petite boîte qu’elle avait reçue des éditions Picquier, et qui ne pouvait être vendue. | |
Haïkus des 4 saisons – Le printemps / Un poème pour chaque jour
À l’intérieur, 250 aimants, étiquettes-mots pour se lancer dans l’écriture de haïkus.
Je l’ai laissée posée longtemps sur mon bureau, m’interrogeant de temps en temps sur ce qui pouvait en être fait avec des élèves de CE1, bien jeunes pour ce vocabulaire riche et peu habituel à leur univers.
Le déclencheur…Un travail d’écriture, engagé en novembre avec le poète Alain Boudet m’a permis d’oser les mettre à disposition, en me disant qu’il ne s’agissait pas d’un risque majeur, et que l’on verrait bien ce qui allait en naître. Un lundi matin, les enfants ont donc trouvé les mots, sur une armoire au fond de la classe. J’avais essayé de faire 4 colonnes très sommaires : les noms, les adjectifs, les verbes, et tous les autres… |
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Les modalitésJ’ai donné les consignes suivantes : “Lorsque vous avez fini un travail, que vous avez un peu de temps devant vous, vous pouvez aller écrire un petit poème. Deux enfants pas plus (l’espace est restreint) et sans bavardage… Ne vous préoccupez pas de l’orthographe, cela se réglera après. Si vous n’avez un verbe qu’à l’infinitif, ou conjugué à un temps qui n’est pas celui dont vous avez besoin, ce n’est pas grave, on verra cela plus tard. Écrivez ce qui vous plaît… En fin de journée, je ferai le point avec celles et ceux qui ont écrit, et nous ferons ensemble les corrections nécessaires. Puis je noterai chaque texte sur une feuille afin de pouvoir le conserver. Chacun(e) peut y aller une fois seulement. Et quand tout le monde aura trouvé le temps d’écrire, celles et ceux qui le souhaitent pourront y retourner.” En fin de semaine, tout le monde y était allé ; j’ai donné « un coup de pouce » à quelques enfants moins à l’aise avec les mots. Quelques autres y étaient allés plusieurs fois (j’ai fait celle qui n’avait rien vu). Dés le premier jour, des mots leur manquaient. J’ai posé une boîte avec des étiquettes papier vierges, et des crayons afin qu’ils puissent écrire et utiliser leur propres mots. |
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RéflexionsJe ne sais pas comment tout cela a germé. J’ai observé que la musicalité des mots proposés n’était pas étrangère aux choix. Souvent, un enfant s’est emparé d’un mot dont il ignorait le sens, ne le « lâchant pas », et a construit autour de ce mot. Quand un enfant ne parvenait pas à terminer, je l’ai invité à fermer les yeux et je lui ai lu ce qu’il avait écrit, lui demandant d’entendre pour affiner son regard et ses sensations et lui permettre de saisir le mot manquant, la forme qui lui convenait le mieux… Parfois, il a fallu aider un enfant à ne pas poursuivre indéfiniment. Mais aucun enfant n’a refusé de participer. Passée la première semaine, certains continuent avec enthousiasme, d’autres moins, ou pas. Ma difficulté est de trouver ces petits temps d’accompagnement individuel parfois nécessaires. Je suis très étonnée, et touchée, par ce qui s’est écrit, chaque enfant avec sa sensibilité. Voici, parmi des dizaines, quelques-uns des textes qu’Alain Boudet a choisis de donner à lire ici : |
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La mer chante et son parfum passe sous les pruniersLéane | Ce soleil est beau, quand il regarde encore la nuit noire.Fanny |
La joie soulève toutLes bois s’abandonnent aux reflets tranquilles de ta terreRubenLes rêves fleurissent loin des montagnes. Mael Le ciel est doré C’est la vie qui cloche dans nos cœurs Emmanuelle | |
Je danse sur les rosées de l’arc-en-cielFaustine | La flamme oublie toujours le soleil quand la nuit joue avec le silence sur la neige.Shérine |
Sans mon petit souffle qui s’envole sur les feuilles, la brise claire ne retrouverait pas ses flammesMaïloIci, je porte mon chapeau en herbes Timothée | |
Alors la terre se lève Poissons sauvages Lucioles lointaines Beauté des oiseaux Voici mon rêve… Léo |
Le soleil traverse la lumière avant de brûler la naissance sauvage des brouillards.OscarL’oiseau près de la fleur, jamais mon regard ne le quitte. Killian |
Le poète fleurit les visages du matin. Nathan |
Isabelle Lavoix classe de CE1 de école élémentaire Georges Lamarque à Grézieu la Varenne (69) / Janvier 2016