Hay vidas que solo
la noche ilumina,
a las que solo presta oído
el silencio,
vidas que no buscan
saberse ni piden
ser miradas :
son su pura presencia,
son siendo
nada.
Il y a des vies que seule
la nuit éclaire,
auxquelles seul prête oreille
le silence,
des vies ne cherchant
renommée ni ne désirant
regards :
elles sont leur pure présence,
sont
sans n’être rien.
En un fleuve toutes les pluies
Hugo Mujica
Traduit de l’espagnol par Gaëtane Muller-Vasseur et Audomaro Hidalgo
Phloème, 2024
ISBN : 979-10-96199-55-6
15,00 €
Dans la collection « Traverses », les éditions Phloème nous proposent « En un fleuve toutes les pluies » du poète argentin Hugo Mujica. L’ouvrage est présenté en édition bilingue, traduit par Gaëtane Muller-Vasseur et Audomaro Hidalgo.
« No para nombrar / lo que en la vida calla, / para escucharlo / es que escribo ».
« Ce n’est pour nommer / ce qui se tait dans la vie, / c’est pour l’écouter / que j’écris ».
Tout est dit d’une manière paisible. L’auteur maitrise ses mots au moyen d’une écriture simple, économe de ses paroles mais pas de ses sentiments. On pourrait parler d’expression monacale, pour faire référence à une partie de sa vie où, pendant sept ans, il fit vœu de silence dans un monastère trappiste. Il écrit comme s’il voulait faire vibrer le silence à travers ses mots.
Hugo Mujica veut toutefois aller au-delà de la simple réalité des choses et envoie des messages forts sur la vie, la mort et la spiritualité qu’elles peuvent engendrer.
Le talent des traducteurs est de donner, sans cesse, envie de passer de la traduction au texte en espagnol.
« Se escucha, sin nada oír, / el latido de la tierra, / el palpitar lo sagrado ».
« On écoute, sans entendre, / le battement de la terre, / la palpitation du sacré ».
Robert Froger