Janice Gould

Janice Gould

Janice Gould est membre de la tribu Concow, et a grandi à Berkeley, en Californie. Elle a obtenu, à l’université de Berkeley, un diplôme en linguistique et un master en Anglais. Elle a obtenu un doctorat d’Anglais à l’université du Nouveau Mexique où elle a étudié avec Patricia Clarck Smith et Louis Owens (écrivain Cherokee connu) alors âgé. Elle a aussi un diplôme de bibliothécaire. Enseignante dans les programmes d’écriture créative, elle enseigne aussi la littérature et les cultures Indiennes, la philosophie et les perspectives muséales des populations indigènes. Elle a reçu honneurs et bourses pour récompenser son travail et sa poésie. Janice vit actuellement à Colorado Springs où elle a un poste de professeur assistant au département d’études ethniques et féminines à l’université du Colorado. Vous pouvez visiter son blog.
Histoire tribale Quand je pense aux mains de ma mère, brunes et carrées, les doigts légèrement déformés après des années de travail, j’envisage toutes les mains des Concows, liées, préparées pour le lynchage au chêne couché le long de la route de la montagne près de la ville de Cherokee. Je me trouvais à proximité des près où nos ancêtres avaient leurs demeures. C’était l’époque où les Blancs passaient les collines au peigne fin, ne laissant que des décombres dans leur folle recherche d’or. Le traité signé avec les Concaws n’avait pas été ratifié par le congrès, car les Indiens étaient sur le sentier du « progrès », et malgré que des promesses avient été faites pour fournir de la fécule de maïs et autres commodités à chaque homme ayant signé d’un X sur le morceau de parchemin, le seul X que les Blancs avaient réalisé était de croiser les mains des Indiens dans leur dos avant de les balancer du haut des murs de lave du canyon.
Conditions pour la poésie Cela devrait être sombre. Pas complètement, mais opalescent comme l’aube une heure avant l’apparition du soleil ou avant le bleu-gris du soir, quand le crépuscule se rassemble au dessus de la montagne. La fraîcheur pourrait être dans l’air et le seul son serait le tic-tac d’un réveil dans une autre pièce, son léger battement de cœur mécanique. Si c’est le matin, le café est convoqué, huileux, aromatique. Si c’est le soir, un verre de vin rouge, translucide, fleurant la cerise. De préférence c’est un vendredi et la pluie bat la fenêtre, une vieille radio dans un meuble d’acajou déverse la musique d’un violoncelle. Soudain le bois semble granuleux comme sur une vieille photo en noir et blanc et vous êtes de retour à Berkeley, ou à Berlin. Si Berkeley, la pluie sent la mer, ou bien le laurier et l’eucalyptus. Si Berlin, l’air est fétide à cause des cigarettes et du trafic. Des branches de tilleul frissonnent dans le vent. Une présence magnifique est là juste derrière la porte fermée de votre chambre: attentive, elle écoute, ou peut-être n’est-elle pas là, pas même pensant à vous, austèrement retirée dans sa propre vie, occupée, élégante comme une tenture, fantastique comme une fugue
 
Nuages Formes changeantes voyageuses, vous allez souvent en masse. En un jour ou une nuit, vous couvrez d’importantes distances, bougeant évoluant, disparaissant pour toujours. Vous aimez cette vie de cirque, l’acrobatie de choisir quoi devenir: un chien un éléphant, un marsouin bondissant. Vous acceptez les façons dont le vent vous bâtit, puis vous brise jusqu’à ce que vous soyez mèches, trainées, ailes effilochées. Déchirés ou solitaires, vous devenez brume ou brouillard, flottant dans les canyons, dérivant dans les ravins, indistincts même à vous-mêmes Au point le plus défait, vous vous réunissez de nouveau, vous entassant comme des couches d’écorce ou un amas de peaux de lapins. Vous comptez de bonne foi sur la chaleur ou le froid, le vent ou l’eau, qui vous rassemblerons ou vous séparerons.
 

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