Ils jouaient au loup
parmi les feuilles mortes des tilleuls
les flaques d’eau de l’automne
l’âcre senteur des toilettes
où se réfugiait
le mauvais joueur
qui refusait d’être pris.
Ils jouaient au loup
malgré les chutes vives sur les cailloux
les vaches croche-pieds
des plus grands.
Ils jouaient souffle coupé
à se fendre le cœur en deux
avec un appétit de vivre
que ne rassasieraient
nul chaperon rouge
nulle mère-grand.
La cour aux tilleuls
Jean-Noël Guéno
Encres Vives, 2024
ISBN : 978-2-85550-058-4
6,60 €
Y a-t-il encore des tilleuls dans les cours d’écoles ? Jean-Noël Guéno veut le croire. Ils sont là dans sa mémoire. Souvenirs ou évocations, atmosphères aux tonalités différentes. René Guy Cadou n’est pas loin.
Alain Fournier et Le Grand Meaulnes, non plus.
« Le vieux car Chausson pour Nantes brinquebale parfois la nuit dans ton sommeil » mais les souvenirs brinquebalent aussi : de la nostalgie, des peines, des souffrances, de la douceur aussi, de la tendresse, même si l’on est « expulsé de son enfance ».
Jean-Noël Guéno se glisse « le long du fil d’Ariane pour dénouer l’écheveau du passé ».
Robert Froger