Les sons de l’air en colère

Les sons de l’air en colère

 

Quelqu’un, le lait c’est sa phobie
Quelqu’un, le livre, c’est sa flèche
Quelqu’un, le bois, c’est son antre
Quelqu’un, l’eau, c’est son château

Quelqu’un entrave la ligne droite de la voix paternelle

Quelqu’un, dans sa tête, le loup hurle dans les bois noirs du souvenir

Quelqu’un se heurte aux heurtoirs des portes du Grand Soir
Quelqu’un se déchire dans les voiles du déni 

Les sons de l’air en colère
Mylène Joubert
éditions Gros Textes, 2014
ISBN 978-2-35082-272-3 / 6 €

Le texte s’ouvre avec cette phrase « Ici le monde est différent ». Cette formule scande le premier texte qui donne son titre au recueil. Formule mystérieuse car on a peu d’indications sur ce que désigne « ici », mais qui invite à l’attention dans un texte baigné de pluie, parcouru de figures humaines rapidement croisées. Sous la forme d’annotations en vers ou en prose, l’auteur nous entraîne dans une déambulation rythmée par des répétitions et énumérations, avec des arrêts pour des réflexions plus intérieures. Il y a un désir tenace dans cette écriture : celui d’avancer, de tenir bon dans la colère du temps, par la force de l’attention.
Le second texte, plus court, est un long poème anaphorique autour du pronom indéfini « quelqu’un ». Un procédé efficace qui interpelle.

Sabine Chagnaud

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