La toile de l'un

Manech

Manech

 

Retour de bâton

Si tu files une métaphore avec un élastique
Attends-toi à prendre un tas d’images en pleine figure… de style !

 

Zut !

À pas chassés
Chaussé d’échasses
Et juché sur ces échasses-ci
J’ai chu
Mais chut !

 

À la manière de Dalí


Les corps n’ont plus d’âge
Les mots n’ont plus de son
Tout fond

Les choses n’ont plus de contour
Les lettres, plus d’enveloppe
Tout se mélange

Le sol attire le ciel
La lumière étire les ombres
Tout tombe

Les couleurs n’ont plus de goût
Les phrases, plus d’utilité
Tout se dissout

Les heures sont distendues
Pareilles au beurre fondu
Tout coule

Les visages n’ont plus de traits
Les portraits sont des paysages
Tout se confond

L’espace n’a plus de mémoire
Le temps, ni frontière ni place
Tout tourne.
 

Prélimiguerre

moquerie
        regard noir
gros mot
        geste déplacé
insulte
        bousculade
gifle
        coup de pied
​coup de pied
        coup de poing
coup de boule
       c’est moi le plus fort
non c’est moi
       non c’est moi
   – trêve –
       provocation verbale
riposte militaire
       kalachnikov
fusil d’assaut
       char blindé
bombardement aérien
       attaque nucléaire
c’est lui qu’a commencé
       non c’est lui
non c’est lui.

 

Modus operandi

Les mots sont, par définition, sauvages.
Aussi la première tâche du poète, qu’il soit en herbe ou confirmé, consiste-t-elle à débusquer les mots dans leur milieu naturel. Commencez par mettre au jour ceux qui, silencieux, paressent sous les lourdes pierres plates. Repérez ceux qui virevoltent en grappes. Certains se cachent dans les frondaisons des arbres quand d’autres se mettent simplement à contre-jour pour échapper aux regards. Pensez également à sonder les eaux claires des ruisseaux où les mots aiment à se laisser porter par le courant.
Pour les attraper délicatement, sans les blesser, l’ustensile adéquat reste l’épuisette à papillons. Assurez-vous toutefois que les mailles du filet soient suffisamment serrées pour qu’aucune lettre ne se brise ni même se froisse.
Versez ensuite votre récolte dans un carnet prévu à cet effet. (On en trouve de très bonne facture à la papeterie qui fait l’angle de deux rues.)
Laissez ensuite reposer plusieurs jours et autant de nuits.
Le moment venu, parcourez les pages de votre carnet : les mots sont prêts à l’emploi. Il arrive parfois que, en séchant, plusieurs s’entremêlent, s’attachent et se mélangent. Ce n’est pas gênant en soi, dans la mesure où cet accident per-met d’obtenir de nouveaux mots sans aucun sens mais tout de même très jolis, ainsi que des mots qui signifient différentes choses et même leur contraire.

Procédez alors en piochant parmi ces mots, originels ou originaux, véri-tables ou chimériques, et associez-les à votre convenance pour ce qu’ils disent et pour ce qu’ils ne disent pas, pour ce qu’ils font et pour ce qu’ils promettent.
Réservez quelque temps votre ouvrage de patience, puis partagez-le sans modération.

 

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