Michèle Levy – L’argile et le soleil

Michèle Levy – L’argile et le soleil

L’ANGE GRIS

à Rhee Han-Ho

Qui je suis, où je vais
seul le sait
le vent qui passe

et peut-être aussi l’ange
dont les cheveux ressemblent à des nuages,
qui me tient par la main,

seul le sait l’ange gris
qui patrouille
au bout de mon chemin.

ŒUD SUD

pour Annie

Mémoire ouverte,
déroulée comme un parchemin

Là-bas un paravent déploie ses signes,
dévoile ses panneaux de soie.

Sur le tissu s’agitent des silhouettes minuscules,
princes et paysans,
soldats, mages ou esclaves.

Qui tu es, qui je fus
s’atteint et s’enchevêtre
dans une ronde muette.

Ma main fait doucement le geste
de refermer le paravent
et la foule recule.

Taches de lumière inoffensives,
les formes flotteront,
longtemps encore,
sur ma rétine.

FIN DES TEMPS

à Chris et Jean-Paul Mestas

Le soir est rouge
et tombe comme un aigle.

Dans le fouillis des vents
l’éternité arrache
une griffe de ciel.

Des granges s’ouvrent,
les champs se couchent,
la terre cousue de sel
brûle à la verticale :

voici le temps prophète
des lézards du soleil
qui épellent l’avenir
à l’ombre des fougères,

voici le temps d’éveil,
le cri et la lumière,
l’éclair des visages nus
balayés par le rêve.

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