— De toute façon, il y a toujours quelque chose qui emporte et quelque chose qui retient. Parfois c’est la même chose, qui emporte, et qui retient. Qui fait tomber, et qui relève. C’est souvent très fragile, et très solide. Un bout de ficelle, quelque chose comme ça. Un brin de paille. Le moindre courant d’air pourrait l’envoyer à l’autre bout du monde mais le bout de ficelle est toujours là, des années et des années plus tard, et même pas cassé.
Il a trouvé un rebord de fenêtre. Une petite place où il peut respirer.
Et tenir debout.
Nos abris
Albane Gellé
Lithographies Anne Leloup
Éditions Esperluète, 2019
ISSN : 978-2-35984-107-7
14,00 €
“Nos abris” sous-titré “Suite de petits monologues, ou quelques solitudes solidaires” est, peut-être, un livre sur l’humilité des êtres humains face à la vie et aux interrogations qu’elle suscite. Des monologues, mais qui parle et à qui, avec ce tutoiement ? Ils semblent se parler, se répondre, prolonger une réflexion enrichie par le doute et la volonté de s’entraider, même si le cauchemar guette : “Mes chaussures collent quand j’avance“. Ils ont peur mais ils avancent.
Leurs abris sont-ils réels ou illusoires ? Les lithographies d’Anne Leloup entretiennent le mystère.
Le dernier texte nous parle de salle, de rideau, de comédien. Sommes-nous dans le grand Théâtre de la Vie ?
Robert Froger