Depuis trois jours, tu parles au passé quand tu parles de nous
Tu me donnes la main en te souvenant d’elle
Ton regard me traverse, mes caresses te survolent
Mes mots ne passent plus dans les pores de ta peau
Ma présence a glissé au fond de ta mémoire et tu ne la sens plus vibrante comme hier
Ce soir après tant de soleil il pleuvait sur la ville
J’ai mis mon manteau noir sur ma jupe d’été
Ce que versait le ciel je l’ai mis dans mes yeux
L’un rempli de vert, l’autre rempli de bleu
Quand j’ai poussé la grille la nuit était tombée
Quelque part dans ma tête il reste un petit bout palpitant de l’été
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Un jour
Tous les lieux seront des souvenirs
Les noms aussi
Les regards
Les arbres
Les odeurs
Ce jour-là ?
Sera le seul à ne pas devenir à son tour
Un caillot de mémoire.
Un caillot de mémoire
Flora Delalande
Linogravures de LÉNA
Atelier de Groutel, 2020
Il y a des moments, il y a des lieux et il y a des souvenirs. C’est ce savant mélange qui forme et installe les « caillots de mémoire » dont parle Flora Delalande et qui remplissent et, parfois, empêchent. Quand elle se souvient de ce clochard « noyé de regards qui n’en sont pas ». Quand un banc devient objet d’éternité. Quand il s’agit d’évoquer des départs, des absences ou pour regarder « de l’autre côté ».
L’écriture délicate et émouvante, comme toujours chez Flora Delalande, est magnifiée par le soin technique et esthétique de l’Atelier de Groutel qui a réalisé cet ouvrage.
Robert Froger