Jacqueline Saint-Jean – Atlas Secret

Jacqueline Saint-Jean – Atlas Secret

Page de couverture du livre de poésie Atlas secret de Jacqueline Saint Jean

Voici quelques extraits

Femmes dressées sur le ciel blanc
aux terrasses rousses d’ Aguersiwal
sentinelles de l’espace
sculptées dans leur attente

Ce soir à l’heure où la nuit espère
où les visages se lèvent
vers les étoiles de la pluie
les regards deviendront rivière

Demain nous aurons des yeux
de lune et de sève

La danse ouvre et referme
son tournesol de réjouissance

Les bustes s’inclinent
vers la terre en attente
des tissages de pluie douce

Pollen aux yeux
les femmes tournent autour
du calice des tambours

Et le chant monte
vers le Chemin de paille

Bouche cachée
derrière le tambour
où s’éveille le chant voilé
le souffle même des vallées

il accorde le jour
apprivoise le vent

il cherche le secret du grain

Le poème en épi pousse loin dans l’espace
De gorge en gorge il assemble les voix
l’herbe le bruissement des sources
et la plainte des gerbes mortes

et le choeur mûrit
sa moisson puissante

La crue rouge charrie
les murettes les ponts
les chemins et les mots

On est là dans les éboulis
à réveiller l’enseveli
à coups de pelles sous les rêves

Un enfant pourtant grave son signe
aux veines de la pierre
un autre fait briller son poème de sable

Là-bas la mer est un verger

Un enfant lance sa voix
aux promesses de l’écho

il appelle Ceux d’en haut

Mais elle passe les falaises
et s’en va vers le désert

Il serre dans sa fronde
l’oiseau des solitudes

Il faut parfois tout un peuple d’enfants
pour réveiller les pierres

Les yeux nomades
ils sont venus du Sud
avec leur indigo leurs contes leurs colliers
leurs écritures d’astres et de troupeaux

ils ont gravé sur les parois
leurs signes d’offrande et d’effroi
javelots lunes et félins
galops spirales lendemains

ils ont couché dans le rocher
leurs suppliciés leurs fiancés
et leurs idoles en violon

pour qu’un matin peut-être
une femme bleue
se lève de la pierre

Aux terres rouges d’Imenane
où le marcheur s’enfonce
tu surgiras peut-être
petite silhouette
en fichu de soleil
bergère ou messagère
sans preuve sans panier

tu passes
à saute-ruisseau
sous les
yeux de fée
de la bergeronnette

entre les vaisseaux pourpres des falaises
tu quittes ta maison le soir
pour un très long voyage

Petite fiancée de l’espace
mets ton collier de cornaline
et ta tunique de soleil
enroule toi dans les arômes
déroule ton bracelet de laine
de colline en colline
et cherche tes prénoms secrets
Lune d’orage ou Clair de terre
efface la frontière
ôte le caillou de ta langue
tourne tes mains vers un autre visage

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