Victor Ozbolt

Victor Ozbolt

 

Temps mort

Lorsque pépé tournait en rond
Ainsi qu’un poisson dans son bocal
Que même ses mots s’égaraient
Nous enfants coquins on l’imitait

Sans savoir qu’il avait quitté
L’océan pour un lac nauséabond
Où tyrannisés par les piranhas
Les poissons zèbres s’entassaient

Ils rêvaient de pain chaud et de sommeil
Mais s’écaillaient à édifier des digues
Et beaucoup flottaient à la surface
On ignorait ce qu’était Buchenwald

Un jour enfin il revit l’océan
Vogua sur les flots rayonnants de l’aube
Sans poissons zèbres ni piranhas
Mais le spectre du lac resurgissait

Lorsque pépé tournait dans son bocal
Nous enfants coquins on l’imitait
Sans savoir que pour lui Buchenwald
Ne s’arrêterait jamais

 

Un ciel silencieux
Lisse et sans noirceur

Incommensurable
L’orage est passé

Voici un nuage
Qui au loin s’avance

Chargé de mystères
D’angoisse et d’espoir

Voici un poème

 

Je serais le funambule
Sur la moustache des lions

Le voltigeur valeureux
Sur leur crinière éclatante

Le dompteur imperturbable
Sur la lame de leurs griffes

Je m’allongerais alors
Sur la savane immobile

L’âme calme et invincible
En me délectant du temps

 

 

Minuscules et immobiles
Au milieu du bouillonnement

Mais immenses et harmonieux
Quand on aime les modeler

Les mots murmurent par milliers
Sur les sentiers mauves du monde

Et ses sommets marmoréens
Sans même qu’on les nomme tous

 

 

© Victor Ozbolt pour l’ensemble des poèmes de cette page

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