Temps mort
Lorsque pépé tournait en rond
Ainsi qu’un poisson dans son bocal
Que même ses mots s’égaraient
Nous enfants coquins on l’imitait
Sans savoir qu’il avait quitté
L’océan pour un lac nauséabond
Où tyrannisés par les piranhas
Les poissons zèbres s’entassaient
Ils rêvaient de pain chaud et de sommeil
Mais s’écaillaient à édifier des digues
Et beaucoup flottaient à la surface
On ignorait ce qu’était Buchenwald
Un jour enfin il revit l’océan
Vogua sur les flots rayonnants de l’aube
Sans poissons zèbres ni piranhas
Mais le spectre du lac resurgissait
Lorsque pépé tournait dans son bocal
Nous enfants coquins on l’imitait
Sans savoir que pour lui Buchenwald
Ne s’arrêterait jamais
Un ciel silencieux
Lisse et sans noirceur
Incommensurable
L’orage est passé
Voici un nuage
Qui au loin s’avance
Chargé de mystères
D’angoisse et d’espoir
Voici un poème
Je serais le funambule
Sur la moustache des lions
Le voltigeur valeureux
Sur leur crinière éclatante
Le dompteur imperturbable
Sur la lame de leurs griffes
Je m’allongerais alors
Sur la savane immobile
L’âme calme et invincible
En me délectant du temps
Minuscules et immobiles
Au milieu du bouillonnement
Mais immenses et harmonieux
Quand on aime les modeler
Les mots murmurent par milliers
Sur les sentiers mauves du monde
Et ses sommets marmoréens
Sans même qu’on les nomme tous
© Victor Ozbolt pour l’ensemble des poèmes de cette page